Le jeu vidéo officiel du PGA Tour version 2025 sort ce vendredi 28 février pour le grand public sur PlayStation 5, Xbox Series et PC. Une expérience vidéoludique du jeu de golf très réussie.

PGA Tour 2k25 est un jeu vidéo de golf, alors autant aborder de front la question de loin la plus importante : reproduit-il bien le vrai jeu de golf ? La réponse est très clairement oui. Si vous jouez déjà au golf (si ce n’est pas le cas, patientez, cela viendra), vous avez forcément ressenti des émotions comme l’exaltation, la frustration, le stress, l’abattement, l’impression d’être dans une journée où quoi que vous fassiez, la balle vous obéit, ou au contraire, le sentiment que tout le monde, le parcours y compris, veut vous faire passer le pire moment de votre vie. Et à la fin de tout cela, vous vous demandez pourquoi vous vous mettez dans des états pareils pour un jeu qui consiste à taper dans une petite balle pour la faire avancer vers un objectif.
Le jeu développé par HB Studios, déjà à la manœuvre pour The Golf Club en 2019, PGA Tour 2k21 en 2021 et PGA Tour 2K23 en… 2023, vous fait ressentir exactement cela. Balles qui tombent trop court du drapeau et dégringolent du green, rebonds capricieux, rafales pas anticipées, lies punitifs alors qu’ils seraient parfaits un mètre à côté, et le joueur se crispe. Longs putts qui tombent à mourir, recoveries impensables, chips tendus qui tatouent le piquet avant de tomber dans le trou, et le joueur a envie de bondir de son siège en levant les bras. Ne soyez même pas surpris si, comme dans la réalité, vous vous mettez à parler à votre balle, tombe, tombe, mais tombe !
En ayant choisi les réglages adéquats (lire plus loin), tout cela est très bien reproduit dans le troisième jeu de golf estampillé 2k (franchise ayant à son actif des simulations dans plusieurs autres disciplines, comme le basket-ball, le tennis ou le catch). Le tout repose sur une mécanique de jeu baptisée Evoswing qui, sur PC, consiste à reproduire le backswing (tirer la souris vers l’arrière) puis le downswing et la traversée (repousser la souris vers l’avant).
Pour les débutants, l’option Perfect Swing permet de s’affranchir des contraintes de rectitude du chemin de club et de timing, en réduisant le game play à simplement viser la bonne zone avec le bon club. Pareil au putting : prenez la bonne marge pour la pente, une amplitude correcte, et si cela ne vous suffit toujours pas, une touche vous permet de simuler votre putt, histoire de voir si vous avez pris suffisamment de pente. Pour les gens qui découvrent le golf au travers de ce jeu, cette configuration est idéale. Mais pour ceux qui ont déjà joué à des jeux vidéo de golf, ou au golf dans la vraie vie, ou encore mieux, les deux, massacrer les parcours à coups de -16 sans aucune résistance va vite devenir lassant.
Un conseil, donc : ne passez pas trop de temps sur le Perfect Swing (d’autant que la prise en mains du game play se fait rapidement), et rejoignez rapidement l’Evoswing, qui vous obligera à quatre choses : une bonne montée (pour éviter push et pull), une traversée rectiligne pour présenter la face de club correctement (pour éviter les fades et draws non désirés), une bonne amplitude (pour avoir un maximum de tolérance sur les autres paramètres) et un bon rythme (pour contrôler au mieux la distance). Ces quatre paramètres, tous modélisés par un cercle situé à droite de l’écran, entrent en jeu à chaque coup, du driver au putter. Car oui, il faut même faire attention à ne pas refermer la face de son putter sur un putt à trois mètres, sinon, gare aux coups laissés en route bêtement. Ça ne vous rappelle pas un jeu réel ?

La grande force de ce système Evoswing est qu’au fur et à mesure de son utilisation, il revêt un très bon aspect analogique. Comme vous sentez, dans la réalité, un drive vous échapper ou un impact de balle décentré, vous vous rendrez parfois compte immédiatement, en ramenant votre souris vers l’avant, que votre balle a gagné un aller simple pour les problèmes. Ce qui amène vers l’autre gros point fort de PGA Tour 2k25 : la modélisation des parcours. Pas seulement en termes purement graphiques, bien que cet aspect-là soit d’une incontestable qualité, mais bel et bien sur la reproduction du jeu.
Très vite, le joueur se rend compte que, sur un parcours de golf, il faut être un peu stratège : éviter de louper du côté du green où se trouve le drapeau, sous peine de galérer à sauver le par ; ne pas prendre le driver comme par réflexe, pour ne pas mettre un bunker en jeu ; privilégier un fade, pour se donner une marge de sécurité. Chaque semaine, ces préceptes sont mis en application par les pros de toute la planète. Grâce à PGA Tour 2k25, l’amateur peut beaucoup mieux saisir leur raison d’être et leur importance fondamentale. Tour de force supplémentaire de la part de HB Studios : la difficulté relative des parcours est très bien rendue. Le TPC Boston ou le TPC Scottsdale, par exemple, sont abordables. Torrey Pines, en comparaison, est déjà beaucoup plus ardu (bravo Matthieu Pavon !). Pinehurst n° 2, hôte du dernier U.S. Open, est un infernal coupe-jarrets, où le triple peut venir vite et à chaque trou (encore bravo Matthieu Pavon !). Les parcours accessibles poussent à l’attaque, les tracés épouvantablement durs à la sagesse. Ça ne vous rappelle pas un jeu réel ?
Mais avant de vous frotter à ce très bon game play, il va falloir montrer un peu de patience au premier démarrage du jeu, et passer un long mais très utile moment sur les réglages. Ce d’autant plus qu’ils peuvent se faire dans différents menus selon les modes de jeu. Mais si l’on parle du mode carrière, placer correctement le curseur concernant le niveau de difficulté pour le joueur et surtout pour la force des IA est un paramètre clé pour prendre du plaisir à jouer. Les développeurs ont imaginé un système assez ingénieux où un nombre résume le facteur de difficulté. La valeur étalon à 1 représente le système Perfect Swing, celui qui permet de désosser n’importe quel parcours. Amener cette valeur aux alentours de 1,30 permet déjà au jeu de bien résister, et de ressentir les bonnes sensations de la compétition. Mais surtout, attention au réglage de la force de l’IA. Vous avez dans l’idée que vous êtes un bon joueur et que vous lui donnez un niveau à 100 % ? Bravo, mais bon courage : il vous faudra battre le gentil score de -54 sur quatre tours (!) pour remporter un tournoi. En réalité, une IA à 85 % de force reproduit beaucoup mieux les scores entrevus chaque semaine sur le PGA Tour.

Le jeu PGA Tour 2k25 est très bon, mais il recèle tout de même quelques défauts. Jamais complètement gênants, et souvent de manière un peu dommage, tant la qualité du développement aurait dû s’affranchir de ces écueils sans problème. Premièrement, le sound design. Aux premières heures de jeu, l’oreille exercée ne peut s’empêcher de se dire : ce n’est pas le bruit d’un coup de golf. Soit les impacts ont été bruités en utilisant d’autres outils que des clubs, soit ils ont été capturés dans des conditions acoustiques différentes d’un beau milieu de fairway. Mais quoi qu’il en soit, cela enfonce une petite épine dans le pied de l’immersion. Tout comme le fait d’entendre un "woosh" une bonne demi-seconde avant l’impact. Votre enseignant vous dira qu’il n’est pas très bon d’accélérer au maximum tout en haut du swing. De même dans les bunkers de green : un bruit de balle net nous prive du si joli "pouf" des sorties en explosion.
L’immersion, justement. Le jeu se nomme PGA Tour 2k25, on s’attend donc à se retrouver plongé dans le circuit américain. Or, au deuxième tournoi de votre première saison du mode carrière, où vous retrouvez-vous ? Sur le (au demeurant très intéressant) parcours de Central Otago. Pour information, c’est une région de l’île du sud de la Nouvelle-Zélande, Dominique A en a même fait une chanson. Mais on s’éloigne un peu du PGA Tour.
Alors oui, beaucoup de parcours traditionnels du circuit sont là (Scottsdale, Pebble Beach, Sawgrass, East Lake et bien d’autres), on peut jouer trois Majeurs messieurs sur quatre ainsi que la FedEx Cup. Mais vous voulez incarner Scottie Scheffler, Rory McIlroy ou Jordan Spieth ? Loupé. Dans la version de base, 11 joueurs et joueuses sont proposés : Tiger Woods, Max Homa, Matt Fitzpatrick, Justin Thomas, Tony Finau, Lydia Ko, Tom Kim, Brooke Henderson. Vous voulez retrouver des noms de tournois réguliers connus ? Pas cette fois.

On s’attendrait aussi à ce que l’habillage du jeu reprenne celui de Golf Channel ou de CBS, les deux grands diffuseurs du PGA Tour chez l’Oncle Sam, ainsi que les voix de leurs intervenants habituels. Mais non. Sur ce sujet, il est cependant très important de préciser une chose : le PGA Tour n’est pas propriétaire de l’image de ses joueurs, ni de ses canaux de diffusion. Sur beaucoup d’aspects, un studio de développement est obligé de traiter de gré à gré avec énormément d’acteurs. Tout cela dans un pays, les États-Unis, où un pixel dans un jeu vidéo équivaut à un alinéa sur un document juridique, souvent accompagné de quelques billets verts qui quittent la trésorerie. Difficile, donc, de faire un reproche frontal à l’éditeur 2k Games, d’autant qu’il a préservé l’impératif marketing d’un jeu de golf : la présence de Tiger Woods. On voudrait donc plutôt dire : « Chapeau, ce n’était pas simple ».
Immersion toujours, mais cette fois à propos du mode carrière. Le principe de ce dernier est simple : créer un personnage de joueur ou de joueuse, et l’amener au sommet de la FedEx Cup et des Majeurs. Rien à redire quant à l’expérience sur le parcours, excellente comme déjà souligné. En-dehors, les idées manquent toutefois de rapport à la réalité d’une carrière de golfeur. La gestion du profil reprend beaucoup d’éléments que l’on retrouve dans les derniers jeux officiels de la F1 : améliorer ses capacités et son matériel, se désigner un rival, répondre à des interviews afin de se forger une personnalité publique, et gagner un maximum de suiveurs sur les réseaux sociaux. Des enjeux réels quand vous devez collaborer avec une équipe d’ingénieurs, capitaliser sur l’amélioration de votre voiture et faire exceller la marque automobile dont vous portez les couleurs. Mais gérer une carrière dans le golf de haut niveau, cela signifie s’entourer d’un staff compétent, trouver le caddie qui convient, choisir ses participations aux tournois pour ne pas trop tirer sur la corde, et viser des pics de forme au moment des Majeurs. Ces décisions ne sont pas présentes dans la mécanique du jeu, et encore une fois, c’est dommage.
Cela n’est pas gênant pour autant, car à vrai dire, le joueur peut faire le choix, en mode carrière, d’accorder peu de temps et d’importance aux aspects hors parcours, et de simplement faire parler la classe sur le parcours, gros point fort du jeu encore une fois. Par ailleurs, un mode très simple permet de jouer 18 trous sur n’importe quel parcours, dont certains créés et importés par la communauté. Y compris, bien entendu, en multijoueur en ligne. Pour les aspirants architectes, l'outil de création est intégré au jeu de base, à vos équerres, faites rêver la planète golf. Au final, PGA Tour 2k25 a l'incontestable mérite de nous livrer cet enseignement plein de sagesse : même sur un écran, on n’est nulle part mieux que sur un parcours de golf.