En cette Journée mondiale de la vie sauvage, coup de projecteur sur le Golf de Touraine, premier club labellisé du programme « Golf pour la biodiversité », et premier également à être passé du niveau Bronze au niveau Argent.
Le centre-ville de Tours a beau n’être qu’à une quinzaine de kilomètres, le Golf de Touraine respire la nature et la campagne. Situé dans la commune de Ballan-Miré, ce golf associatif 18 trous déroule ses fairways sur un terrain boisé et vallonné, et surtout parcouru par plusieurs ruisseaux, terrains idoines pour l’installation et le développement de la biodiversité.
Un premier inventaire en 2018
Le club tourangeau l’a très bien compris, en devenant en 2018 le premier club français à recevoir un label du Programme Golf pour la biodiversité. Initié conjointement en 2016 par la ffgolf et le Muséum national d’histoire naturelle, ce programme encourage les démarches volontaires des golfs, incités à s’associer à des structures naturalistes de leur région pour répertorier puis protéger la biodiversité qu’ils abritent. La labellisation comprend trois niveaux : bronze, argent et or.
« À l’époque, notre vice-président, Michel Naulleau, a été un précurseur, explique Raphaël Arnoult, le directeur du golf. Il s’est mobilisé pour qu’on puisse avoir des aides, et ainsi lancer des inventaires. » Le club s’est ainsi rapproché de la Sépant (Société d’étude, de protection, et d’aménagement de la nature en Touraine), une structure naturaliste locale, ainsi que de la LPO (Ligue de protection des oiseaux). « La première chose qu’on se demande, c’est si on ne fait pas entrer le loup dans la bergerie, admet Raphaël Arnoult. À Tours, nous avons eu le cas d’une construction d’autoroute qui est restée bloquée à cause d’un scarabée. On n’avait pas envie d’être obligés de fermer la moitié du parcours. »
Raphaël Arnoult, directeur du golf
Libellules, chauve-souris et... écrevisses
Inquiétudes très vite et totalement dissipées dès lors que les inventaires ont débuté. D’autant que des espèces particulièrement intéressantes ont été débusquées, comme l’agrion de Mercure, espèce protégée de libellule, qui profite du ruisseau bordant le trou n°1. Plus surprenant pour un parcours à l’intérieur des terres : quelques écrevisses nagent dans l’eau très pure d’une source située sur le terrain. Des chauves-souris, ainsi que quelque 47 espèces d’oiseaux ont été répertoriées, dont deux espèces patrimoniales (autrement dit considérées comme importantes par les scientifiques).
Voilà pour l’inventaire. Mais le Golf de Touraine ne s’est pas arrêté là. En effet, après avoir été le premier club labellisé de France, il s’est de nouveau montré pionnier en étant le premier à passer du niveau bronze au niveau argent du Programme Golf pour la biodiversité (les autres clubs labellisés argent l'ont été directement). Autrement dit, la Sépant et la LPO ont formulé des recommandations visant à la préservation de la biodiversité répertoriée. « Dès cette année, nous avons entretenu les ruisseaux pour préserver l’agrion de Mercure, détaille Raphaël Arnoult. Nous avons aussi laissé la végétation prendre le dessus dans les fossés. Certes, les golfeurs étaient un peu moins contents de ne pas retrouver leurs balles, mais cela nous permet de vraiment traiter ces rus. »
Point positif pour le club tourangeau : la mise en place de ces mesures ne se fait ni au détriment de la qualité de son entretien, ni au-delà de ses propres moyens. « Il y a des choses extrêmement simples, comme par exemple faire des trous dans certains grillages pour favoriser le passage des hérissons, illustre Raphaël Arnoult. La Sépant a compris notre démarche, et clairement, leur but n’est pas de la compliquer. Nous travaillons en très bonne intelligence avec eux. Le but final, ça reste d’avoir un golf qui soit un véritable espace naturel. »