L’Old Course de Cannes-Mandelieu, en partenariat avec les collectivités locales du secteur, va mettre en place, en juin 2023, un nouveau système d’arrosage utilisant les eaux usées retraitées d’une station d’épuration voisine. Le but : ne plus utiliser un seul mètre cube provenant du réseau d'eau potable.
Le projet existait sous différentes formes depuis 10 ans. Mais la sècheresse subie (comme à d’autres endroits) par la Côte-d’Azur en cette année 2022 a permis d’accélérer la prise de conscience générale. Dès juin prochain, l’Old Course de Cannes-Mandelieu, un ensemble de 27 trous situé à deux pas de la Croisette, sera arrosé grâce à des eaux usées retraitées.
Pour ce faire, la meilleure solution, ou en tout cas celle privilégiée à la fois par le golf et par l’Agglomération Cannes-Lérins, a été la plus directe : 200 m de canalisation relient désormais l’Old Course à la station d’épuration la plus proche.
« Cela fait maintenant plusieurs années que nous voulons réutiliser les eaux usées pour des usages qui, jusqu’alors, mobilisaient le système d’eau potable, relevait David Lisnard, président de l’Agglomération Cannes Lérins et maire de Cannes, lors de l’annonce officielle de ce partenariat, début octobre. Les délais administratifs et procédures imposées par l’État ont malheureusement retardé considérablement nos démarches pour la mise en place de ce dispositif, alors même qu’il aurait été plus que nécessaire l’été dernier, puisque nous avons connu une période de sècheresse intense. Cela est difficilement acceptable, et je le répète : l’urgence climatique est bien réelle et nous ne pouvons nous permettre d’attendre encore des années pour réagir. »
Les eaux usées retraitées, késako ?
80% des golfs français sont ou seront dans une situation de plus en plus précaire si l’évolution du climat continue d’accentuer la pression sur les ressources en eau. Plusieurs solutions alternatives existent pour pallier ce problème, comme bien entendu la réduction de la consommation. Mais d’autres pistes existent. En zone littorale fortement fréquentée, où se situent plus de 100 structures golfiques, la réutilisation des eaux usées traitées par les stations d’épuration apparaissent particulièrement pertinents.
Après leur traitement en station, ces eaux sont généralement rejetées dans le milieu naturel, sans avoir pu être valorisées. Or, à la station jouxtant le golf de Cannes-Mandelieu, par exemple, cela représente un volume total annuel de 18 millions de mètres cubes d’eau, qui n’ont pas vocation à rejoindre le réseau d’eau courante.
À titre de comparaison, l’Old Course de Cannes-Mandelieu, qui s’étend sur 74 hectares, a une consommation annuelle qui se situe aux alentours de 230 000 mètres cubes. Autrement dit, lorsque le nouveau système sera mis en place en juin prochain, non seulement ces 230 000 mètres cubes ne pèseront absolument plus sur le réseau d’eau potable, y compris en période de grande sécheresse, mais en plus, le volume prélevé dans les eaux usées retraitées ne représentera que 1,3 % du total sortant de la station d’épuration.
Précision importante : Si cette eau retraitée n’a pas vocation à retourner dans le réseau d’eau potable, elle n’en affiche pas moins une qualité comparable à celle exigée des eaux de baignade dans les zones balnéaires. Autrement dit : aucun risque sur le plan sanitaire.
« La réutilisation de l’eau usée traitée, inutilisée et rejetée à la mer est un enjeu majeur, résume Jean-Stéphane Camerini, le directeur général de l’Old Course de Cannes-Mandelieu. Elle permettra de franchir une étape importante vers le maintien de l’entreprise golfique, et surtout de rester cohérent dans notre volonté commune de sauvegarder l’environnement. »
Et ce n’est pas tout…
Changer de source d’approvisionnement en eau est une chose, mais rien n’empêche, par ailleurs, de faire le maximum pour réduire sa consommation. Sur cet aspect-là également, l’Old Course de Cannes-Mandelieu a pris les choses en mains, en entamant un processus de conversion de flore. Le principe : sur une période de plusieurs années, les équipes d’entretien sèment de nouvelles variétés de gazon, plus résistantes par exemple aux sécheresses ou à la chaleur. À terme, ces variétés finissent par s'implanter, colonisant la majeure partie du terrain.
Le club azuréen a ainsi opté pour le bermuda grass, qui est semé chaque année, préférablement au moment des premières chaleurs. Dans ce processus, le golf est accompagné par Alejandro Reyes, expert agronome de renommée mondiale, et qui avait notamment dirigé la préparation de l’Albatros pour la Ryder Cup 2018. Que ce soit sur la question de l’eau ou celle des gazons, l’objectif reste toujours le même : pérenniser la pratique du golf sur la Côte d’Azur, tout en étant acteur de la préservation de l’environnement.