À l'occasion des Championnats du monde de speedgolf, qui se disputent ces 14 et 15 novembre au Japon avec huit Français parmi les engagés, zoom sur cette pratique originale aux multiples subtilités.

L'Irlandais Rob Hogan est l'un des meilleurs spécialistes mondiaux du speedgolf. © Anthony Le Bourhis / Speedgolf France

Speedgolf. Mot d'origine anglaise composée de speed et golf. N'importe quel profane armé de notions basiques d'anglais peut le deviner lui-même : le speedgolf, c'est le mélange du golf et de la vitesse. Pour une définition plus précise, celle qui suit ferait très bien l'affaire : « Jeu qui consiste à envoyer une balle dans un trou à l'aide de clubs, en le plus petit nombre de coups possibles, et le plus vite possible ». Une partie de speedgolf, c'est donc une partie de golf sur 18 trous, jouée au pas de course. Avec un résultat obtenu par l'addition du score de golf (en coups) et du temps mis pour effectuer le parcours (en minutes et secondes). Voilà, donc, pour le principe général.

Mais concrètement, que faut-il faire pour jouer vite et bien ? Les Championnats du monde de speedgolf, qui vont se dérouler ces jeudi 14 et vendredi 15 novembre au Japon (cf. encadré ci-dessous), vont en donner l'illustration : il s'agit de trouver un délicat équilibre entre l'habileté clubs en mains et la célérité chaussures aux pieds. « C'est assez stratégique », estime Emily Mollard, membre d'une délégation tricolore forte de huit membres cette semaine à Sakura. « J'aime le comparer au biathlon, car il faut aller vite tout en jouant bien au golf. Il faut donc trouver le juste milieu entre les deux disciplines, et gérer son effort en fonction des circonstances et de ses propres forces. » Aller trop vite peut en effet faire perdre en lucidité et obliger à jouer davantage de coups, quand aller trop lentement peut coûter de précieuses minutes. Mais à l'inverse, courir à un rythme modéré ne garantit absolument pas de mieux jouer au golf ! « Moi, je mise un peu plus sur le golf que sur la course, car c'est là que je peux faire la différence. Donc je prépare bien mes coups, en passant peut-être un peu plus de temps que les autres à l'adresse », explique la quintuple championne de France en titre, également joueuse professionnelle sur le LET Access Series.

Le choix crucial du matériel

Trouver le juste milieu, oui, mais encore ? Comment faire pour mettre toutes les chances de son côté afin de jouer au mieux en courant au plus vite ? L'un des paramètres essentiels du speedgolf réside dans le choix des clubs. Si, dans une compétition de golf classique, vous avez droit à un maximum de 14 clubs dans votre sac, en speedgolf la limite est fixée à 7. Mais à haut niveau, personne ne se risque à prendre autant d'instruments, de peur de s'alourdir inutilement. « J'ai trois ou quatre clubs, que je choisis en fonction de la configuration du parcours », poursuit Emily Mollard. « Le bois 3 et le putter sont incontournables, et la question est de savoir quel(s) fer(s) je prends en plus. À Roissy (théâtre de l'Open de France. de speedgolf ces trois dernières années, ndlr), j'avais seulement un pitching wedge, car le parcours me le permettait et je pouvais faire des coups roulés un peu partout. En revanche à Chamonix (où la compétition s'est jouée en 2019 et 2021), je prenais un fer 9 et un 58°, car les greens sont souvent surélevés et défendus par beaucoup de bunkers et de rivières. »

Une fois les outils choisis, encore faut-il les transporter le plus efficacement possible. Dans un sac léger qu'on tient en courant ? À la main, sans rien pour les ranger ? Dans une ceinture holster bricolée ? Là encore, toutes les options sont permises. « J'expérimente encore, comme tout le monde », sourit la Haut-Savoyarde. « Au début j'avais un sac, mais trop lourd et pas pratique. Ça fait quatre ans que je joue en posant les autres clubs au sol quand j'en tape un, et en les portant à la main quand je cours. Mais récemment, je me suis fait deux parties d'entraînement à Chamonix et j'ai expérimenté un Silo, une sorte de petite poignée sur laquelle on peut clipser quelques clubs, et c'est assez pratique car ça permet d'avoir tous les clubs ensemble maintenus. Et j'ai demandé à mon père, qui est assez bricoleur, de planter une espèce de tige dans le silo, ce qui me permet de le planter au sol et donc de ne pas avoir les grips mouillés et de ne pas avoir à me baisser pour ramasser les clubs à chaque fois. » Eh oui, chaque seconde compte ! Pour le reste, deux ou trois balles glissées dans un sac banane et une poignée de tees au fond de la poche ou plantés dans le chignon suffisent. Sur certaines épreuves, la présence de scoreurs motorisés laisse au joueur la possibilité de mettre de côté quelques balles supplémentaires dans la voiturette, au cas où.

Ce « holster » fait maison permet de ne pas se séparer de ses clubs. © Anthony Le Bourhis / Speedgolf France

Une routine à établir et perfectionner

Sachant que les parties, forcément individuelles, sont chronométrées depuis la première mise en jeu jusqu'à l'ultime putt rentré, il convient ensuite à chacun d'adopter la façon de jouer la plus efficace. La routine, si importante dans le golf classique, l'est tout autant en speedgolf. Première chose à savoir : bien jouer permet de moins courir, ce qui est tout sauf anodin sur des distances qui, entre la longueur officielle du parcours et les liaisons à parcourir entre le green et le départ suivant, tournent tout de même autour des 8 kilomètres. « Le jour où tu joue peu de coups, tu t'égares moins, donc tu parcours moins de distance ; alors que si tu en mets de partout, tu fais des détours et tu perds beaucoup de temps à ralentir et à t'arrêter », illustre Emily Mollard.

Cela posé, comment jouer vite et bien ? Là encore, chaque speedgolfeur fait en fonction de ses facultés et des habitudes. La joueuse française livre sa propre méthode, affinée au fil des ans : « J'arrive à ma balle en courant, je marche les trois derniers mètres pour souffler, puis je regarde ma montre pour avoir la distance au green afin de préparer le coup dans ma tête. Je me mets à l'adresse, sans swing d'essai, je souffle un bon coup, je regarde la cible, je souffle à nouveau, et je tape. Ça doit durer 6 à 7 secondes. Et dès que la balle part, je recommence à courir, et je regarde où elle finit pendant ma course. Il y a quelques exceptions, bien sûr : si j'ai un shot difficile à faire, ou si j'ai égaré une balle, bref des coups sur lesquels il y a un risque, je prends un peu plus de temps pour sécuriser. Et sur les greens, c'est à peu près pareil : je fais les trois derniers mètres en marchant et sans étudier ma ligne, sauf si je peux arriver dans l'axe en courant, et l'idée est de se mettre donné car c'est vraiment le dosage le plus important. Je putte de la main droite en tenant mes clubs de la gauche, ça me permet de gagner du temps car on n'a pas le droit de poser les clubs sur le green, et si je les pose sur le bord ça me fait faire un détour. Et si j'ai du mal au putting à une main, je cale mes clubs sous le bras gauche et je putte à deux mains. » Simple, non ?

Un birdie, et c'est reparti pour Emily ! © Anthony Le Bourhis / Speedgolf France

Régie dans notre pays par Speedgolf France, association affiliée à la Fédération française de golf et habilitée à délivrer des licences couvrant les deux disciplines, cette variante du golf au pas de course séduit un nombre croissant d'amoureux de la petite balle blanche. Joueurs moyens ou amateurs émérites, pratiquants des deux sexes et de tous âges, tous en louent les vertus de plaisir et liberté. « L'intérêt du speedgolf, c'est que vous n'avez pas le temps de vous prendre la tête avec la technique, donc ça vous enlève du stress et ça vous amène souvent à jouer de manière plus efficace. Vous vous posez beaucoup moins de questions, et qui dit moins de doutes dit un jeu plus naturel et souvent meilleur », conclut Valérie Texier, la présidente de l'association. Dans votre club ou même lors du prochain Open de France (ouvert à tous), essayez et vous verrez !

Les Mondiaux 2024 en bref

Speedgolf World Championships
14-15 novembre 2024
Sakura, préfecture de Tochigi, Japon
9e édition (championnat instauré en 2012)
Site web : speedgolfjapan.com/worlds2024


Format : 36 trous stroke play (18 trous par jour) sans cut
Catégories : Hommes, Seniors Hommes, Femmes
Parcours : Seven Hundred Club (par 72)
Distances : 5649 m (messieurs), 4727 m (dames)

Les Français
Hommes : Alexandre Arguel, Jérémie Felenc, Cyrille Fournier, Bastian Mas, Stanislas Masson, Alexis Rollet
Femmes : Emily Mollard, Valérie Texier

Effet collatéral inattendu du speedgolf : les journalistes sont eux aussi obligés de courir pour couvrir la discipline ! (Clin d'œil amical à notre confrère de « Golf Magazine », Ludovic Pont) © Anthony Le Bourhis / Speedgolf France