Redescendu sur le Challenge Tour fin 2022, après une période post-Covid compliquée, Benjamin Hébert, engagé cette semaine au Vaudreuil, est à la poursuite du top 20 de la Road to Mallorca. À 37 ans, Il se donne encore un an et demi pour retrouver le DP World Tour.
« On ne va pas se voiler la face : ça faisait deux ans que j’étais un peu au fond du trou. » Lorsqu’il s’agit d’évoquer le cours de sa carrière sur les dernières saisons, effectivement, Benjamin Hébert n’est pas du genre à utiliser des contours de langage. En revanche, l’imparfait effectue son retour peu à peu. Manière de signifier que les résultats en berne, qui l’ont conduit à revenir sur le Challenge Tour fin 2022, seraient majoritairement derrière lui. Il le dit lui-même : « Je sors un peu la tête de l’eau ».
Engagé cette semaine au Vaudreuil Golf Challenge, seconde étape de la deuxième division européenne dans l’Hexagone, Benjamin Hébert est arrivé en Normandie avec la 35e place de la Road to Mallorca, le classement général de la saison. L’objectif étant, bien entendu, de figurer dans le top 20 en fin d'année, afin de faire son retour sur le DP World Tour, dont il fut pensionnaire de manière continue de 2015 à 2022.
Pourtant, avant l’arrivée du virus, les voyants étaient au vert pour celui qui, malgré la trentaine tout juste passée à l’époque, continuait à progresser d’année en année. En 2019, son meilleur exercice jusqu’à maintenant, il décrochait trois deuxièmes places sur le Tour européen, à chaque fois en devant s’incliner en play-off. Fin février de l’année suivante, il prenait une belle 18e place à Mexico, lors d’une épreuve de Championnat du monde. Or donc, on est alors en février 2020…
« Tu travailles un peu moins, un peu moins bien, et derrière, ça va très vite »
« Ma vie a un peu changé avec le Covid, admet Benjamin Hébert. Il y a eu l’arrêt, puis à la reprise j’ai dû subir une opération à un œil, puis un an et demi après j’ai eu une blessure au poignet, des petits problèmes personnels à droite à gauche… » Autant de facteurs de nature à faire passer le golf au deuxième plan. « Tu travailles un peu moins, un peu moins bien, et derrière, ça va très vite », résume-t-il.
En 71e position à la Race to Dubai fin 2020, Benjamin Hébert tombe au 122e rang de ce même classement général du DP World Tour un an plus tard, puis au 171e en 2022. D’où un retour sur le Challenge Tour, où il avait glané pas moins de six victoires lors de ses années de début de carrière : trois en 2011, puis trois en 2014, dont l’étape de Pléneuf.
Approchant de ses 36 ans à l’époque (il en a eu 37 en février 2024), le Briviste s’est forcément posé des questions, avant de se lancer dans le nouveau défi de remonter sur le grand circuit. Et pas nécessairement sur le golf proprement dit. « Le plus pénible, fondamentalement, ce n’est pas la compétition, le fait de jouer au golf, même si c’est dur, livre-t-il. Mais c’est surtout de voyager toutes les semaines. Tout le monde te dit : "C’est génial, tu vois du pays", mais en fait, tu es tout le temps à l’aéroport, au golf ou à l’hôtel, et souvent seul. Et il y a des moments dans ta vie où tu n’as plus envie de ça. »
« Il me manque encore un tournoi référence »
Mais donc, l’envie de retrouver la première division a provoqué chez lui le déclic. « Concrètement, je me laisse un an et demi, cette année et l’année prochaine, campe-t-il. On verra, il peut se passer plein de choses. » Près du stade de la mi-saison, en tout cas, les données sont encourageantes. Benjamin Hébert a signé trois tops 10, au Dimension Data Pro-Am en début d’année en Afrique du Sud, puis lors du UAE Challenge fin avril, et du Danish Golf Challenge fin mai. Dans ces deux derniers cas, des bons scores lors des derniers tours lui ont permis de remonter sur la première page des leaderboards. « Ça veut quand même dire que je suis en place physiquement, et que techniquement ça tient toute la semaine, analyse-t-il. Mais il me manque encore un tournoi référence. »
Car sur le Challenge Tour, les top 10 réguliers ne sont pas forcément le meilleur moyen de rentrer dans le top 20 de la Road to Mallorca. Au contraire, les places sur le podium, et plus encore les victoires, permettent d’engranger de gros points. Ce qui fait une différence sensible par rapport au DP World Tour. « Quand j’étais en première division, mon point fort, c’était mon fond de jeu, qui me permettait d’être régulièrement dans les cuts et les tops 30, souligne Benjamin Hébert. Sur le Challenge Tour, si on veut des points, il faut un peu plus agresser les parcours. C’est une psychologie différente. » Et un défi de plus.