Promu directement des rangs amateurs sur le Challenge Tour, grâce à une belle campagne de Cartes en novembre 2023, Maxence Giboudot pointe en ce début juillet au 103e rang de la Road to Mallorca. Si le succès n’est pas encore là, il sent que l’apprentissage se fait.

Maxence Giboudot, la semaine passée en Normandie à l'occasion du Vaudreuil Golf Challenge. © Aurélien Meunier / Getty Images - AFP

« Ça fait très bizarre. Là j’entends des gens parler français derrière moi, et je me retourne, parce que d’habitude, quand quelqu’un parle français derrière moi, c’est forcément pour moi. Ça donne l’impression d’être à la maison. » Pourtant, le Golf de Pléneuf Val-André, d’où Maxence Giboudot lance cette confession en marge du Blot Open de Bretagne il y a deux semaines, est bien loin de son Jura natal. Mais au cœur d’une première saison professionnelle, revenir un peu au pays à l’occasion de la tournée française du Challenge Tour (il a enchaîné avec Le Vaudreuil Golf Challenge la semaine dernière) ne peut faire que du bien.

Depuis l’an passé, en effet, le décor a radicalement changé pour lui. Habitué aux grands tournois amateurs (il faisait ainsi partie de l’équipe de France messieurs au championnat d’Europe par équipes en 2023) et aux épreuves de l’Alps Tour disputées sous ce statut, Maxence Giboudot a non seulement rejoint les rangs professionnels, mais il l’a surtout fait sans vrai palier de décompression. En novembre dernier, il s’est ouvert les portes du Challenge Tour, grâce à une campagne de cartes qui le voyait se hisser jusqu’à l’étape finale, puis y prendre une 59e place synonyme d’accès à la deuxième division.

Depuis, le joueur du Val de Sorne a pris 14 départs sur son nouveau circuit. Pour le moment, et lui-même ne cherche nullement à le cacher, les résultats n’ont rien d’exceptionnel : six cuts passés, et une 22e place comme meilleure performance, mi-mars lors du Delhi Challenge. À la Road to Mallorca, classement général du Challenge Tour dont le top 20 en fin d’année accède directement au DP World Tour, il occupe actuellement la 103e place. « C’est dur, il faut dire la vérité, admet-il. Le niveau est beaucoup plus haut que chez les amateurs. Quand je joue bien, j’arrive à passer les cuts et à être un peu combatif, et sitôt que c’est moyen, je prends des grosses bâches. »

Il faut dire que, sur le plan purement sportif, beaucoup de choses changent entre les tournois amateurs et ceux des professionnels. La densité du champ de joueurs, pour commencer. La préparation des parcours, aussi. « J’apprends à jouer à côté des drapeaux, parce qu’il n’y en a pas un seul à moins de trois mètres du bord », illustre Maxence Giboudot. Mais paradoxalement, et certains de ses compatriotes plus expérimentés sur ce circuit sont du même avis, la philosophie de jeu à adopter serait plutôt tournée vers l’offensive. « Je dois m’habituer à taper le driver partout, explique le jeune Français. Parce que si je ne fais pas deux scores sous le par, je vais louper le cut et rentrer chez moi. »

Et puis, au-delà du jeu, tout l’aspect organisationnel et logistique fait également partie des nouveautés. D’autant que, dans un calendrier professionnel, le tournois sont nettement plus nombreux et resserrés que chez les amateurs. « J’ai plongé directement dans le monde des players lounges, livre Maxence Giboudot, en parlant de ces hospitalités réservées aux joueurs lors de chaque tournoi. Et puis aussi celui des semaines en République tchèque, en Espagne, en Afrique du Sud… c’est un changement radical. »

Tout le décor a changé, et les résultats après six mois n’affichent pas encore de chiffres extraordinaires. Le tableau est-il, pour autant, aussi noir qu’un Soulages ? L’intéressé, qui reste positif, répond que non. « Je m’en sors correctement, appuie-t-il. Je n’ai rien fait d’exceptionnel, mais j’ai pu être un peu combattif sur certains tournois, donc il y a des bonnes choses. Après tout, j’aurais aussi pu commencer cette année en ne passant pas un cut et en ayant tout de suite le nez dans l’eau, en remettant tout en question. Mais ce n’est pas le cas. C’est mitigé, mais c’est pas mal. »

Une grosse moitié de saison reste en effet à jouer pour l’ancien étudiant de TCU. Des mois de compétition à venir au cours desquels il aura l’expérience des six premiers à faire valoir. « Après six mois, je me sens plus à ma place et à l’aise, j’intègre le milieu », assure-t-il. Son objectif ? Continuer à apprendre. « Je sais que c’est comme ça que je me donne le plus de chances d’avoir des succès », insiste-t-il. Après tout, les circuits sont ainsi conçus : une semaine de très bon golf, au bon moment dans le calendrier, peut mener très loin. Et faire, de nouveau, complètement changer le décor.