Auteur d’une solide 18e place en Espagne, Tom Vaillant a vu son horizon quelque peu se dégager à la Race. Désormais 102e, il lui reste trois tournois pour espérer accrocher un top 70 qui lui permettrait d’être à Abou Dhabi, début novembre.

Les fins de saison ont souvent été couronnées de succès pour Tom Vaillant... © Harry How / Getty Images - AFP

Qu’elle fait du bien, cette 18e place acquise de haute lutte dimanche à Madrid lors du dernier tour du Acciona Open de España ! Ce cinquième top 20 de la saison permet surtout à Tom Vaillant d’y voir un peu plus clair à la Race. Le voilà désormais 102e, soit dix rangs de mieux qu’il y a une semaine. Une position qui l’éloigne de facto de cette fameuse ligne fatidique du top 115, viatique pour conserver son droit de jeu plein pour la saison 2024-25.

« J’ai décidé d’arrêter de regarder cette ligne, lâche sans détour l’Azuréen, qui soufflera ses 23 bougies le 14 décembre prochain. Cela me prenait beaucoup trop la tête. L’objectif, ce n’est pas la carte ou pas la carte, pas plus que le top 70 ou pas. Je sais que si je joue bien, j’ai des bons résultats. Ce que je mets en place, je sais que ça marche. Il faut juste le temps pour ça. J’ai encore beaucoup d’années à passer sur le Tour européen. Il faut voir ça plus comme un marathon. Chaque année, on se doit d’être de plus en plus fort. Mais il est évident que cette 18e place à Madrid fait du bien. Elle confirme que ce que je fais, c’est bien. C’est mon cinquième top 20 cette année, même si ce ne sont pas des statistiques qui explosent. Cela montre néanmoins beaucoup de régularité. Je ne cache pas le fait que ce soit stressant aussi, mais quand on arrive à un endroit où l’on a toujours rêvé d’être depuis tout petit, on n’a pas envie de le quitter. On n’a pas envie de perdre ce que l’on a eu par son travail. N’importe quel joueur, sur n’importe quel circuit, aura toujours de la pression. »

Pour sa première saison au plus haut niveau, le 375e joueur mondial fait pour l’instant preuve d’une solide résilience. En vingt-deux tournois joués, il a ainsi franchi à douze reprises le cut, s’offrant même une très belle 7e place au Japon le 28 avril au ISPS Handa Championship. C’est pour l’instant son meilleur résultat. Mais sa dynamique actuelle (17e au British Masters le 1er septembre) pourrait lui permettre d’achever l’exercice 2023-24 bien plus fort encore que son classement général en ce début d’octobre ne le laisse penser…

« C’est vrai que je me sens mieux sur les fins de saison, et surtout quand je me sens bien physiquement, confirme le protégé de Jean-François Lucquin. J’ai eu le temps de bien travailler. L’année dernière, ça a payé. Même chose avant sur l’Alps Tour où j’avais fait une bonne fin de saison. En règle générale, je me sens bien, mais il n’y a pas non plus de règle établie. Je sais que je suis plutôt bon quand j’ai eu un temps de break auparavant (Ndlr, il n’a pas joué le BMW PGA Championship à Wentworth). Sur mes premières rentrées de cycles de tournois, c’est là où je suis le meilleur. J’essaie d’en profiter… »

Au son de sa voix, on devine facilement qu’il en a encore sous le driver. Largement. Même s’il ne s’attendait pas à jouer autant de tournois en grimpant en novembre de l’année dernière sur le DP World Tour. « C’est une longue saison pour moi, confesse-t-il. J’essaie de prendre du recul par rapport à ça et me dire que j’ai le temps, qu’une saison, c’est très long. Quand on est encore amateur, on n’est pas du tout préparé à jouer autant, avec notamment des gros déplacements. C’est vrai que c’est fatigant. Une saison, c’est plus de trente tournois pour chacun d’entre nous, cela n’a rien à voir avec ce que l’on avait l’habitude de vivre. »

« Là où j’ai vraiment appris, c’est par rapport à ce rythme de jeu, être le chef de projet de son propre projet individuel, poursuit-il. Quand j’étais amateur, j’ai eu la chance d’être beaucoup bichonné par la Fédération française de golf. Ils se sont vraiment occupés de moi. Et quand on arrive dans le monde pro, c’est forcément différent. Même s’ils continuent de m’aider encore. Là, c’est différent. Il faut s’adapter à cela. Mais quand on fait les choses bien en amateur, il n’y a pas trop de différence ensuite quand on passe pro. »

J’essaie de me dire que lorsqu’on est sur un links, on a le choix. Sur n’importe quel coup, on peut tout jouer différemment.

Arrivé dans la matinée de lundi en Écosse, Tom Vaillant va découvrir pour la première fois l’Alfred Dunhill Links Championship. Un rendez-vous haut de gamme avec un champ très relevé (McIlroy, Rahm, Fleetwood, Lowry, Matthew Fitzpatrick, Horschel, Hatton, Koepka, Oosthuizen, Reed…) se jouant en alliance sur trois des plus beaux links du pays : le Old course de St Andrews, Kingsbarns et Carnoustie.

« Pour être honnête, je ne sais pas grand-chose de ce tournoi, souffle-t-il doucement. Je n’ai pas du tout joué sur ces parcours. Je les ai juste vus à la TV. Cela va être un peu la découverte. Je sais que c’est un tournoi long, soit trois jours avant le cut. On m’a dit que le temps de jeu était beaucoup plus long que d’habitude, vu que l’on joue avec un amateur. Bref, il faut s’adapter à tout ça. J’adore jouer sur les links. J’ai rarement bien joué sur ce genre de parcours mais je ne le prends pas en compte car beaucoup de paramètres entrent en jeu : la météo, le parcours, l'heure à laquelle on joue… J’essaie de me dire que lorsqu’on est sur un links, on a le choix. Sur n’importe quel coup, on peut tout jouer différemment. On a plus d’opportunités de voir les choses et de concevoir les coups. Il faut être plus créatif. Je suis un joueur qui aime bien créer, être porté sur le feeling. »

Reste à savoir à quelle sauce tout le champ sera mangé entre jeudi et dimanche. On fait ici bien sûr référence à la météo, ô combien capricieuse sous ces latitudes en ce début d’automne. Peut-être un peu plus encore en Écosse… « Apparemment, tout le monde me dit que ça devrait aller, souligne, visiblement serein, le Français. C’est plutôt une bonne chose. On verra bien mais normalement, la météo devrait être bonne. Jouer dans le vent et sous la pluie, ça ne me dérange pas. J’aime bien quand c’est très dur. C’est vraiment le fait de s’accrocher qui va primer. Cela m’arrange car c’est plus dans mon tempérament. Plus ce sera dur, mieux je me sentirai. Mais c’est évident qu’on prend plus de plaisir quand il fait beau et qu’il n’y a pas de vent… »

Après la France et l’Andalousie, je prendrai vraiment le temps de breaker pour attaquer en pleine forme la nouvelle saison en janvier à Dubaï.

Après l’Ecosse, on le retrouvera au FedEx Open de France (10-13 octobre) sur le fameux Albatros du Golf National, hôte récemment du tournoi olympique de golf de Paris 2024 – « un parcours monstrueux » – puis à Sotogrande (Espagne) pour l’Andalucía Masters (17-20 octobre). En revanche, il y a peu de chance qu’on le voit effectuer le très long déplacement jusqu’en Corée du Sud pour la clôture de la saison régulière (24-27 octobre). On espère juste pour lui que cette dernière ligne droite lui aura été bénéfique en termes de points, même s’il n'a pas totalement abandonné l’idée d’intégrer le top 70 de la Race qui lui ouvrirait les portes à Abou Dhabi du premier des deux tournois des Play-Offs du Tour européen (7-10 novembre).

« C’est complètement dans un coin de ma tête, conclut-il. Je suis 30 places derrière le 70e. La semaine dernière en faisant 18e (en Espagne), j’ai pris dix places à la Race. Il me reste trois tournois à jouer. Dix places par dix places, je sais où ça me mènerait. Donc voilà, c’est en le prenant comme ça que je peux avoir une bonne surprise à la fin de la saison. Une chose est sûre, après la France et l’Andalousie, je prendrai vraiment le temps de breaker pour attaquer en pleine forme la nouvelle saison en janvier à Dubaï. Cela a été une très longue saison, physiquement et mentalement, avec plein de nouveautés. J’ai besoin un peu de souffler ! »