Les acclamations ont résonné et les drapeaux français ont flotté, ce jeudi, autour des parties de Matthieu Pavon et Victor Perez. Une ambiance impressionnante qui a, malgré la chaude température, donné les frissons.

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Difficile de trouver un coup de départ des Français, ce jeudi (comme Victor Perez ici sur le 1) sans avoir le drapeau tricolore en arrière-plan. © Kevin C. Cox / Getty Images - AFP

Il n’est pas encore 9 h, ce jeudi matin au Golf National. Déjà, toute la butte derrière le départ du 1 est remplie de spectateurs. Les uns sortent les drapeaux français des sacs à dos, les autres tentent de se rapprocher au maximum de la corde qui cercle l’aire de départ. Le pronostic de ceux qui laissaient entendre que l’ambiance serait ordinaire pour le premier départ du tournoi olympique messieurs de Paris 2024 a pris une première volée de plomb. Car voici qu’apparaît, sur la passerelle guidant les joueurs du putting green au départ du 1, un Victor Perez aussitôt acclamé par la foule. Et les premiers « Victor, Victor ! » de la journée retentissent. Pas les derniers.

Le Français a d’abord l’honneur de taper le premier coup du tournoi, à 9 h pétantes, après avoir reçu une nouvelle fois les vivats du public, à l’appel de son nom. D’un coup de bois de parcours limpide, il lance une journée qui, du point de vue de l’ambiance, n’a absolument pas déçu. Voire a surpris, dans le bon sens. Car à peine Victor Perez a-t-il rejoint sa balle sur le fairway du 1 que la butte longeant le 2, couverte de spectateurs dès avant le départ et qui n’a pas désempli de toute la journée, fait basculer l’atmosphère sonore en mode stéréo. À l'arrivée du Français sur le green, pour sa première tentative (hélas infructueuse) de birdie, les « Victor, Victor ! » reprennent. Ils ne le quitteront pas de toute la journée.

À l’unisson de ce qui prévaut dans toutes les disciplines où des Tricolores sont engagés depuis le début de ces Jeux olympiques, le public français a poussé très fort derrière Victor Perez et Matthieu Pavon, ce jeudi. Y compris certains spectateurs totalement non-initiés au golf… du moins pas encore. « On ne connaît rien au golf, confie en souriant un couple venu de Deauville. Mais on a eu des places, et on était curieux de venir voir. »

Au fur et à mesure de la journée, la température monte en même temps que l’ambiance, les deux ayant pour point commun d’avoir démarré très haut. À 11 h 55, la butte derrière le départ du 1, désormais perpétuellement noire de monde, vit un premier frisson au moment du départ de Scottie Scheffler, Ludvig Åberg et Rory McIlroy. Le Nord-Irlandais remporte haut la main la victoire du jour à l’applaudimètre… mais seulement dans la catégorie "reste du monde". Car quelques minutes plus tard, le frisson se transforme en chair de poule qui parcourt tout le corps.

Matthieu Pavon : « Je n’étais absolument pas préparé à tout ça »

Alors que le n° 1 mondial et ses partenaires s’élancent, et que le Golf National a fait le plein des 30 000 spectateurs que chaque journée olympique a le droit d'accueillir, Matthieu Pavon apparaît sur la grande passerelle. Aux acclamations qui l’accompagnent jusqu’à la cabane du starter, il donne le change : poing brandi, mains tapées au premier rang, grand sourire et salut de la casquette. Pendant qu’il se fournit en carte de score et victuailles, une scène que ni les victoires de Jean-François Remesy et Thomas Levet à l’Open de France, ni la Ryder Cup de 2018 n’ont connue se produit : le public, spontanément, entonne une Marseillaise. Quelques yeux rendus humides dans la foule ont eu la chance de se trouver derrière des lunettes de soleil.

L’acmé se poursuit sur tout le trou n° 1, aidé par le fait que Matthieu Pavon y rentre son premier birdie du tournoi. Par la suite, malheureusement, le n° 1 français a donné moins de prétextes aux exclamations, mais le contingent autour de la partie n’a pas baissé pour autant. Il a même fallu patienter pour parvenir à contourner le green du 3 en direction du départ du 4, la faute à un public trop compact.

Les deux Français de ce tournoi olympique messieurs s’attendaient-ils seulement à ça ? Et y étaient-ils prêts ? Matthieu Pavon, à en croire ses dires, pas vraiment. « Sentir tout le monde très heureux de me voir, de me pousser dans cette première journée olympique, c’était un truc de dingue. Je n’étais absolument pas préparé à tout ça, avoue le Bordelais. C’est incomparable avec tout ce que j’ai pu vivre cette dernière année, que ce soit à Madrid, à Torrey Pines ou à l’U.S. Open. J’essaie de me préparer au mieux à ces événements, et quand je monte cet escalier, que je vois tout le monde, que je découvre que ça crie, que ça hurle, que c’est son nom qui est scandé, que c’est la France, quelque chose de plus grand que son seul combat, c’est exceptionnel… et c’était vraiment très difficile à gérer. »

Victor Perez, lui, a eu à l’en croire moins de peine à absorber tout cet élan : « J’ai réussi à vraiment me mettre dans l’engouement des gens, livrait-il à l'issue de sa partie. Même si mon score n’était pas bon en début de journée, je me suis dit quelle chance de jouer au golf devant des gens qui continuent à nous soutenir. Je ne sais pas si c’est que ça qui m’a aidé sur le retour, j’ai quand même réussi à taper quelques bons coups dans l’ensemble (rires), mais ça a forcément aidé. »

Alors, l’ambiance au Golf National est-elle revenue aux grandes heures de la Ryder Cup 2018 ? Pas vraiment. Car pas vraiment comparable, à vrai dire : compétition différente, formule différente, drapeaux différents. Mais quel que soit le résultat final dimanche soir, une chose est certaine : dans l’histoire en marche du Golf National avec le golf de haut niveau, les Jeux olympiques de Paris 2024 ne resteront pas au rang de simple événement ordinaire.