Matthieu Pavon et Victor Perez, les deux Français qui joueront le tournoi olympique masculin de golf à partir de jeudi, étaient en conférence de presse, ce lundi matin au Club France de La Villette. Présents depuis l'ouverture des Jeux, ils en mesurent l'immense portée. Extraits.

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Victor Perez (de dos) et Matthieu Pavon, déjà très complices le 6 juillet dernier, au Golf National. © Philippe Millereau / KMSP

Quels sentiments vous habitent à quelques jours de participer aux Jeux olympiques ?
Matthieu Pavon : C’est une expérience exceptionnelle. Ce sont toutes ces émotions qu'on vient chercher. On est dans un sport individuel toute l'année, on s'affronte, même moi et Victor, sur des terrains toute l'année. Donc le fait de représenter en fait la même chose, une même cause et de représenter fièrement la France avec tous ses athlètes, c'est vraiment spécial et c'est vraiment ce qu'on était venu chercher, je pense, en venant un peu plus tôt au village olympique, avant notre épreuve.

Vous avez participé tous les deux à la cérémonie d’ouverture de vendredi soir. Vous avez pu échanger avec les athlètes de la délégation française des autres sports ?
Victor Perez :
Oui, c'est toujours intéressant. C'est vrai que nous, mine de rien, au golf, on est de notre côté, entre guillemets. On n'a pas ces interactions que tous les nageurs ont entre eux, par exemple. En athlétisme, il y a tellement de disciplines qu’ils sont aussi entre eux. Donc c'était une belle expérience de pouvoir discuter avec ces gens-là, ces athlètes qui ont tous des profils différents, des attentes différentes. C'était intéressant d'avoir différents points de vue, et d'essayer d'apprendre comment eux gèrent certaines situations par rapport à nous.

Matthieu, où situez-vous cet événement dans votre saison déjà riche ? Est-ce que les JO, c’est quelque chose de particulier ?
M. P. : Oui, c'est très particulier. Toute l'année, on se représente nous-mêmes, on représente notre nom, notre famille, nos amis... Mais maintenant, on représente quelque chose qui est plus grand, qui va au-delà de ça. On représente un pays tout entier, et donc c'est vraiment quelque chose de différent. Au début, je pensais que pour nous, vu qu'on n'a pas grandi avec le golf aux Jeux olympiques, les Majeurs prenaient vraiment le dessus. Mais c'est vrai que j'ai envie de revenir un peu sur ces déclarations parce que, depuis quelques jours, avec Victor, on vit un rêve éveillé. Faire partie de ce rassemblement d'athlètes, c'est vraiment quelque chose de privilégié. D'avoir vécu cette cérémonie d'ouverture à Paris, au pied de la tour Eiffel, c'est là qu’on se rend compte de toute la dimension des Jeux olympiques. Donc, je pense qu'il va falloir que je réajuste mon ranking en disant que je pense que gagner une médaille d'or cette semaine à Paris, ça m’apporterait plus de plaisir que de gagner un Majeur.

Votre entrée en compétition sera ce jeudi matin. Quel est le programme jusqu'à jeudi ?
V. P. : On a la chance de jouer sur un parcours qu'on connaît, qu'on a déjà joué sur le DP World Tour ces cinq ou six dernières années, même si c'est à une date différente, à part en 2018 où on a joué pendant l'été. On l’a joué petit aussi, avec les Championnats de France U14, U16, U18. Je pense que c'est un avantage de ne pas avoir à faire beaucoup de reconnaissances. On va sans doute faire 9 trous mardi, 9 trous mercredi, juste pour prendre nos marques sur un parcours qu'on connaît déjà très bien, tester la vitesse des greens, les bunkers, le rough, essayer de se mettre à jour sur ces petits points techniques. Mais en termes de tracé, de stratégie, je pense qu'on est déjà assez au point, ce qui est un avantage par rapport à d'autres pays, à part les joueurs européens ou les joueurs qui ont fait la Ryder Cup en 2018. On va essayer d’utiliser ça pour faire le meilleur résultat possible.

Pour aller plus loin sur le parcours, est-ce que vous pouvez le décrire en termes de particularités ? Est-ce que vous, l'un et l'autre, vous êtes à l'aise sur celui-là spécifiquement ?
M. P. : Moi, factuellement, je suis pas particulièrement à l'aise dessus. Les Opens de France que j'ai pu disputer jusque-là, je n'ai pas eu de très bons résultats dessus. Mais je suis à un des meilleurs moments de ma carrière. Je sens que j'en ai sous le pied et que mon jeu est vraiment présent depuis un an. Donc je ne me ferme aucune porte, et je pense que tout est possible, malgré le fait que ça soit un tracé qui me résiste un peu. Après, les particularités du parcours, pour moi, on a vraiment un démarrage très compliqué, et une fin de parcours qui est aussi difficile. Les trous 1, 2 et on va dire 3, sont des trous clés pour lancer la partie, des trous avec des pièces d'eau, donc des obstacles à éviter, à bien gérer. Et c'est la même chose sur la fin de partie, les trous 15, 16, 17 et 18. C'est ça qui rend le parcours vraiment compliqué, parce qu’en soi, en compétition, le plus difficile, c’est de bien lancer et de bien terminer une partie. Donc pour moi, ce parcours, il a toutes les qualités pour challenger les joueurs, et je pense qu'il a déjà prouvé à quel point c'était un parcours de championnat, avec la Ryder Cup en 2018. C'est un parcours vraiment très bien je pense, et qui sera très bien préparé pour un événement de cette classe mondiale.

Tous les deux, vous êtes sur la pente ascendante depuis 2023. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui a changé ces derniers mois, et qui fait que vous êtes plus confiants, plus sereins dans votre jeu, et que vous avez pris place dans le gratin mondial ?
V. P. : Je pense qu'il y a un élément de notre travail qui a été accompli sur les 18 derniers mois, où je pense que, autant Matthieu que moi, on a élevé la charge de travail, qui de suite se paie par les résultats. On a eu la chance de voir Matthieu gagner sur le PGA Tour, ce qui lance la saison et amène beaucoup de stabilité mentale. On sent que notre jeu a atteint un certain niveau. Donc je pense qu’il n’y a pas de secret, surtout en golf, avec autant de compartiments à travailler, que ce soit mental, physique ou technique plus la stratégie sur le parcours. Il y a quand même beaucoup de points à travailler, et je pense que sur ces points-là, il y a eu une montée du niveau, dans chaque compartiment, et ça se voit par le résultat.

Quel est votre objectif sur ce tournoi ? Comment vous situez-vous par rapport à la concurrence ?
M. P. : Clairement, Victor comme moi, on est des compétiteurs. Si on joue, c'est pour gagner le tournoi. Bien sûr, aux Jeux olympiques, la deuxième place et la troisième place ont une valeur un peu différente, synonyme de médaille. Mais nous, quand on s’aligne sur un tournoi, c'est pour donner le meilleur et essayer de rafler la première place. Donc je pense que ce ne sera vraiment pas différent de ce qu'on connaît : tout mettre en place, que ce soit physiquement, techniquement et stratégiquement, pour avoir le plus de chances de réussir cet objectif, et de remporter le tournoi dimanche.

Vous avez vu plusieurs épreuves ces derniers jours, avec l’engouement du public. Est-ce que vous visualisez ce qui va se passer sur le golf ? Cela va-t-il être un vrai support pour vous ?
V. P. : Jouer à la maison, de toute façon, ça a ses avantages. J'espère en plus qu’en termes de parties, on va être dans les parties avec les meilleurs joueurs, justement pour pouvoir être dans le bon wagon d'entrée, et utiliser le public dont on espère qu’il sera présent au maximum.

M. P. : Je pense que c'est assez difficile pour nous de de jauger le nombre de personnes qui vont être présents, qui vont se déplacer jusqu'au Golf National. Malheureusement, lors des derniers Opens de France, même si bien sûr, ça se joue en octobre, on n'avait pas la chance d'avoir une foule très présente. Mais il va faire beau cette semaine, c'est les Jeux olympiques. Je pense que la foule va venir en masse, donc ça va être génial. Je pense vraiment qu'on aura un très beau support, et on aura vraiment du monde présent pour nous soutenir.