La joueuse nantaise a remporté son premier titre sur le Ladies European Tour, la semaine passée à l’Åland 100 Ladies Open. Encore sur un nuage quelques jours plus tard, elle voit des portes s’entrouvrir pour la fin de saison qui approche.

En grande réussite au putting, Anne-Charlotte Mora a remporté, la semaine passée, sa première victoire sur le LET. © Tristan Jones / LET

Une première victoire a toujours quelque chose de spécial. Le titre glané par Anne-Charlotte Mora, samedi dernier en Finlande, ne fait aucunement exception. La joueuse nantaise, qui comptait jusqu’à présent deux tops 10 sur le Ladies European Tour (LET) en trois saisons, en est désormais une lauréate. « Maintenant ça va mieux, mais les premiers jours après ma victoire, j’étais un peu perdue, souffle-t-elle dans un sourire qui ne l’a, visiblement, pas quittée depuis le putt de la gagne. Ça fait vraiment bizarre de se dire que c’est moi qui ai gagné. »

Ce bonheur, aussi diffus que déroutant, contraste avec le calme et la sérénité qui ont habité la joueuse nantaise, samedi, lors du dernier tour. Pour la première fois de sa carrière, Anne-Charlotte Mora se retrouvait en dernière partie d’un tournoi du LET, en compagnie des deux coleaders après deux tours, l’Espagnole Ana Pelaez et la Suédoise Lisa Petterson. Une situation parfois propice aux défaillances sous la pression… mais parfois pas, comme dans ce cas. « J’ai passé une super journée, campe la Française. Forcément, depuis la veille, j’y pensais beaucoup, j’étais un peu stressée, mais je m’étais tellement préparée à ça, à avoir les caméras présentes toute la journée, que j’étais prête. Pour moi, quoi qu’il arrive, ça n’allait être que du plaisir. »

Calme et sereine jusqu'au bout

Au contraire, Anne-Charlotte Mora est restée calme toute la partie durant. Pas d’inquiétude quand Petterson ou l’Autrichienne Emma Spitz se sont, tour à tour, emparées des commandes. Pas d’affolement lorsque la Française a commis deux bogeys en trois trous, au 11 et au 13. Et surtout aucune appréhension au moment d’arriver sur le 17 avec un coup d’avance, au sortir de trois birdies, avec un putter qui brûlait le sac. Au contraire, sérénité totale. Jusqu’au bout. « Je pensais que, si je gagnais un jour, j’allais crier et sauter partout, confie-t-elle. Et en fait, pas du tout. J’ai juste serré le poing. Mais je souriais tout le temps. »

Si Anne-Charlotte Mora n'a pas sauté partout au moment de gagner comme elle l'avait imaginé, les photos après la remise du trophée lui ont permis de se rattraper. © Tristan Jones / ffgolf

Il faut dire que les deux premiers tours, à eux seuls, donnaient moult motifs de satisfactions. Deux cartes de 70 (-2), la première sans aucun bogey, l’amenaient en position pour marquer de gros points à la Race to Costa del Sol, le classement général de la saison du LET. Avant de se rendre en Finlande, Anne-Charlotte Mora occupait le 74e rang, avec encore huit tournois à disputer. Objectif : intégrer les 60 meilleures, afin de conserver sa carte sur la première division européenne sans autre examen de passage. « Je savais que, pour intégrer le top 60, il allait me falloir une bonne performance d’ici à la fin de saison, analyse-t-elle. Mais j’étais sereine. En fait, depuis le début de saison, je n’ai jamais été dans le top 60, donc je n’avais pas de pression particulière cette semaine-là par rapport à ça. Et puis je trouvais que je jouais bien. »

De 74e à 16e

Évidemment, avec une victoire, ces perspectives ont totalement changé. Déjà, parce que cela lui assure une belle exemption au-delà de son classement à la Race to Costa del Sol. Et ensuite parce que, passée de la 74e à la 16e place de ce classement en quelque 208 coups de club, et donc désormais meilleure Française, elle peut regarder vers le haut pour les sept derniers rendez-vous de la saison. En effet, les 10 meilleures au général à l’issue de l’Andalucia Costa del Sol Open de España, fin novembre, auront la possibilité de disputer l’ultime étape des cartes du LPGA Tour, dans la foulée. « Si jamais je me qualifie, j’irai, c’est sûr, admet Anne-Charlotte Mora. Même si je ne me vois pas forcément aller vivre aux États-Unis tout le temps. Mais si ça se présente, j’irai tenter ma chance. »

Un tel changement serait en effet important pour celle qui habite sa chère ville de Nantes, et donc l’entraîneur n’est autre que le père, Franck Mora, enseignant au Golf de l’Île d’Or. En attendant, elle va pouvoir évoluer sous les yeux d’un public tout ce qu’il y a de plus français, la semaine prochaine à Deauville, à l’occasion du Lacoste Ladies Open de France« Je pense que je vais passer une bonne semaine », sourit-elle. Une de plus.