À 26 ans, cette pétillante Française élevée et formée à l'étranger ouvre cette semaine au Maroc sa carrière professionnelle sur le Ladies European Tour, sur lequel elle a gagné sa place à la finale des Cartes en décembre dernier.
C'est dans un délicieux mélange de français et d'anglais que Vanessa Bouvet, jointe la semaine dernière au téléphone au milieu d'une journée d'entraînement au Golf de Terre Blanche, nous a raconté son histoire. « Je suis française, et on parlait français à la maison avec ma famille, but I feel more comfortable speaking English because I attended international schools my whole life », précise-t-elle dans un éclat de rire qui ne sera que le premier d'une longue série au cours de cet entretien.
Née le 6 janvier 1999 d'un père français et d'une mère gabonaise, la jeune femme aujourd'hui âgée de 26 ans a effectivement un parcours atypique et international : « Mon père travaillant dans l'industrie pétrolière, pour la compagnie Shell, j'ai eu une enfance et une jeunesse d'expatriée », explique-t-elle. De Damas en Syrie où elle a vu le jour, jusqu'à Mougins sur la Côte d'Azur où elle s'est installée il y a deux ans et demi, les pays qui l'ont vu grandir composent un véritable tour du monde : Venezuela, Texas, Nouvelle-Zélande, Brunei et Malaisie pour la partie familiale ; Nebraska et plus précisément l'université du même nom à Lincoln pour la partie études, bouclée en 2022. « Ça a été autant d'expériences vraiment géniales ! » apprécie-t-elle.
Dans cette enfance itinérante au gré des affectations professionnelles paternelles, le golf a été un fil conducteur presque de bout en bout. « Je l'ai découvert vers l'âge de quatre ou cinq ans au Venezuela, et je m'y suis vraiment mise à Houston où j'ai commencé à prendre des leçons et à participer à mes premiers tournois juniors. C'est devenu encore plus sérieux ensuite lorsque nous sommes arrivés en Nouvelle-Zélande », poursuit-elle.
À tel point qu'en 2014, quelques jours après son quinzième anniversaire, Vanessa Bouvet termine dans le top 6 d'une épreuve qualificative pour le ISPS Handa NZ Women's Open, tournoi co-sanctionné par le... Ladies European Tour ! « J'avais fait 18 pars et je m'étais qualifiée, ce qui était assez cool ! Et même si je n'avais pas du tout bien joué ensuite dans le tournoi (deux cartes de 82, ndlr), l'expérience avait été géniale : j'avais pu découvrir le monde pro de l'intérieur. Et j'avais vu Lydia Ko et Cheyenne Woods ! » se remémore-t-elle dans un nouvel éclat de rire.
Prête pour le monde pro
Mais avant d'être créditée, demain, d'un deuxième départ en carrière sur le circuit européen, il s'est passé du temps. Beaucoup de temps : d'abord la fin des études secondaires, puis quatre années de fac dans le Nebraska durant lesquelles elle a porté fièrement les couleurs des Huskers tout en bûchant son Bachelor's Degree en Journalism and Mass Communications. Puis, à son arrivée en France en 2022 après l'obtention de son diplôme, une période de réflexion : « Je me suis un peu éloignée du golf car j'ai commencé un Master, et au début je voulais essayer de faire les deux en parallèle, mais je me suis vite rendue compte que c'était impossible en termes de temps. Finalement, j'ai laissé tomber mes études pour me consacrer pleinement au golf, car j'ai réalisé que c'était ce que je voulais vraiment faire », raconte-t-elle.
Du Provençal Golf à Biot (06) où elle s'entraîne, elle migre alors jusqu'à Terre Blanche dans le département voisin du Var, convaincue par le projet sportif présenté par le nouveau directeur, Vincent Gardes-Bus, et le head coach du club, Vincent Jouhaud. « Ils m'ont dit qu'ils voulaient développer une équipe féminine, et ça m'a intéressée, d'autant plus qu'ils ont d'excellentes infrastructures et un staff étoffé, ce qui ressemble assez à ce qu'on trouve aux États-Unis », évoque la joueuse qui a changé d'affiliation en novembre 2023. Et si l'équipe en question n'est pas parvenue à se hisser en troisième division nationale, Vanessa Bouvet a toutefois fait honneur à son polo en participant à la victoire de l'équipe de France féminine au championnat d'Europe Mid-Amateurs, cet été à Chiberta !
Malgré un statut amateur conservé de bout en bout de l'année 2024, Vanessa Bouvet a en réalité passé l'essentiel de sa saison avec les professionnelles. « J'ai eu une invitation pour le Terre Blanche Ladies Open mi-avril, dont j'ai fini neuvième. Grâce à ce top 10, j'ai eu accès au tournoi suivant du LET Access Series. En faisant le cut dans le second, j'ai pu rentrer dans le troisième, et ainsi de suite », raconte celle qui a joué au total huit tournois de la deuxième division européenne, dont elle s'est classée 67e. « J'ai fait toute la saison en tant qu'amateur car je ne me sentais pas encore prête à passer pro, et je voulais vraiment avoir l'impression de mériter ce statut. »
N'étant pas parvenue à terminer dans le top 7 du circuit pour décrocher sa carte à l'échelon supérieur, Vanessa Bouvet a eu sa deuxième chance à la Q-School du LET, mi-décembre au Maroc. « Ce sont les deux semaines où j'ai pris le plus de plaisir à jouer au golf depuis longtemps ! J'étais dans un très bon état d'esprit, confiante sur le fait que j'allais bien jouer, et même si j'ai eu des hauts et des bas ça ne m'a pas vraiment affectée », poursuit-elle. Lauréate de son épreuve de pré-qualification, elle accroche quelques jours plus tard le top 20 de la finale, en rendant sa meilleure carte lors du dernier tour ! « Je pensais que faire -2 serait suffisant, mais j'ai vu que petit à petit les scores des meilleures descendaient, et ça m'a forcée à aller chercher plus de birdies moi aussi. Et j'y suis parvenue grâce à ce super état d'esprit, en jouant -5 le dernier jour ! »
Un Majeur dans le viseur
Conclue de manière idyllique avec la carte de membre du LET dans la poche, cette quinzaine marocaine, traversée grâce aux encouragements de sa mère et sa petite sœur et aux précieux conseils d'un caddie basque nommé Alexandre Dufau, a rendu possible la réalité de cette veille de l'ouverture de la saison 2025 : suite à la résiliation de son statut amateur il y a quinze jours à peine, Vanessa Bouvet est désormais une joueuse professionnelle sur le Ladies European Tour. « C'était le bon moment pour passer pro. Je suis confiante sur ma capacité à jouer à haut niveau. Les deux semaines au Maroc m'ont confortée dans cette impression ; et encore, j'ai eu le sentiment de ne pas jouer à mon meilleur niveau, ce qui est encourageant ! », rit-elle à nouveau.
Du Maroc à l'Europe en passant par l'Arabie saoudite, l'Australie, l'Afrique du Sud ou encore la Corée du Sud, son sourire communicatif et son enthousiasme contagieux vont animer cette année la grande caravane du circuit, dont elle espère toujours faire partie lors des Majeurs européens que sont l'Amundi Evian Championship (10-13 juillet) et l'AIG Women's Open (31 juillet-3 août), deux objectifs avoués. Et même si ses débuts s'apparentent à un plongeon dans l'inconnu, rien ne saura gâcher la soif de découverte de Vanessa Bouvet : « Je ne connais encore personne, ni parmi les Françaises, ni parmi les étrangères, mais ça n'a pas d'importance, car je suis tellement excitée à l'idée de démarrer cette nouvelle vie ! » conclut-elle. In English, of course, and in another big laugh!