Après un premier tiers de saison terni par six cuts manqués, l’horizon de Perrine Delacour s’est éclairci à la lueur d’une victoire européenne. Un an après des choix de restructuration, les automatismes s’installent et sont mis à l'épreuve dans une semaine de Majeur à Sammamish.

Cette semaine, Perrine Delacour et Céline Boutier sont au KPMG Women's PGA Championship, à retrouver sur ffgolfTV. © Kevork Djanszian / Getty Images via AFP

Présente cette semaine sur la côte Ouest des États-Unis, dans un État de Washington qui reçoit le troisième Majeur de la saison, le KPMG Women’s PGA Championship, Perrine Delacour a profité des jours qui précédaient pour récupérer quelques points d’énergie après huit semaines passées sur les fairways de part et d’autre de l’Atlantique. Huit semaines : deux mois, soixante jours à vagabonder entre hôtels, avions et club-houses sans repasser par chez elle, en Floride. « C’est la deuxième fois de la saison que j’enchaîne autant de tournois mais cette fois, le repos était nécessaire », souffle-t-elle à travers le haut-parleur de sa voiture.

Depuis mardi, elle affine son regard sur un parcours du Sahalee Golf Club qui accueille pour la seconde fois de son histoire celui que tout le monde surnomme le « KPMG ». C’était en 2016, la Française évoluait déjà depuis trois ans sur le LPGA Tour mais souffrait cette saison-là d’une fracture de fatigue au thorax et n’avait pu honorer sa place. « De toute façon, que je connaisse ou non le parcours, chaque semaine j’aborde les reconnaissances de la même manière : je me dis qu’ils ont tous 18 trous et 18 greens, et que c’est en jouant sur le moment que je peux dire si ça va être difficile ou non. » Seule autre représentante tricolore avec Céline Boutier dans cette 70e édition, Delacour a à cœur de confirmer ses dernières semaines encourageantes lors d’une grosse échéance comme celle qui l’attend aujourd'hui.

Suivre le KPMG sur ffgolfTV

Jeudi et vendredi : 22 h-4 h

Samedi : 19 h-2 h

Dimanche : 18 h-1 h

Car après un début de saison américaine difficile où elle n’a passé que cinq cuts sur onze possibles, avec pour conséquence un recul au 106e rang de la Race to CME Globe, la Française a récemment embrassé « une période de mieux ». En mai, un premier top 20 au Cognizant Founders Cup a donné lieu à trois tournois consécutifs dans les points, et surtout à une victoire sur le Ladies European Tour (LET) à l’occasion du Dormy Open Helsingborg en Suède. Sa toute première dans un circuit professionnel de première division. Un heureux résultat né d’un heureux hasard, puisqu’elle ne devait initialement ne pas s’y présenter. « J’avais prévu de jouer le Jabra Ladies Open, et puis quand j’ai vu qu’il y avait un second tournoi qui suivait, j’en ai profité vu que je ne m’étais pas qualifiée pour l’U.S. Women’s Open. » La 75e joueuse mondiale a donc bien fait !

Au-delà du résultat, c’est le bénéfice personnel qu’elle en a retiré qui la réjouit. « Avec mon équipe, on avait décidé que je jouerai là-bas sans mon caddie pour que je puisse me retrouver en tant que je joueuse, retrouver mes repères et mes automatismes », révèle-t-elle. Car, dans un intérêt transverse nourri depuis son arrêt imposé faute de surentraînement en 2022 (voir plus bas), Perrine Delacour développe constamment son bien-être personnel. D’une part pour se sentir mieux, de l'autre pour aider son équipe à comprendre ce qu’elle veut. « Avec Amélie (Cazé, sa préparatrice mentale), on a eu une longue discussion sur tout un week-end après mon cinquième cut manqué d’affilée au JM Eagle LA Championship », rembobine l’intéressée. Et cet échange s’est instauré comme un déclencheur. Un élan dont a également tiré profit un nouvel acteur dans l’entourage de la joueuse : son caddie, Thomas Boulanger.

Perrine Delacour et Thomas Boulanger lors de leur première association sur le LPGA Tour en mars. © Kevork Djansezian / Getty Images via AFP

Encore un peu de pain sur la planche

Il faut remonter au début de saison 2023 pour trouver les prémices de l’arrivée de l’ex copilote de David Ravetto, Paul Margolis et, de façon plus éphémère, Maxence Giboudot. « Au retour de ma pause, j’ai choisi de reconstruire mon staff pour qu’il soit 100 % français. Mais je n’ai pas trouvé de caddie qui remplissait cette condition, donc j’ai dû évoluer avec un Américain. » Et puis l’idée de passer les Cartes du LET s’est concrétisée avec, au sac, un certain Olivier Elissondo - plus de 500 tournois du DP World Tour dont trois victoires avec Grégory Bourdy. « J’ai vu que c’était important et surtout plus confortable pour moi d’avoir quelqu’un qui parle ma langue dans les moments décisifs ou sous pression. Après avoir obtenu ma carte du LET, Olivier m’a parlé de Thomas, que j’ai ensuite contacté sur Instagram, et il m’a rejoint en mars pour démarrer au Fir Hills Seri Pak Championship»

Le staff de Perrine Delacour

Coach technique : Grégory Buisson

Préparateur physique : Dylan Stryczek

Prédatrice mental : Amélie Cazé

Caddie : Thomas Boulanger

Si le début de saison a été une galère pour les deux pièces du binôme, le temps leur a permis de se connaître un peu plus. La faute également à une coupure hivernale trop maigre qui n’a pas laissé beaucoup de temps à la joueuse pour travailler hors des tournois. Mais l’adaptation a opéré et « le fait que Thomas bosse super bien nous a menés à avoir des premiers bons résultats en mai, donc c’est un tournant dans notre association, je pense », ajoute la joueuse de 30 ans.

Si les places enregistrées chaque dimanche sont encore probablement éloignées de ce que peuvent espérer les deux nouveaux partenaires, les deux tiers restant de la saison leur donnent le loisir d’ambitionner de belles perspectives avec, en point d’orgue, une semaine parisienne hors du temps pour une athlète qui a déjà représenté son pays dans un format olympique en 2021. « Les Jeux olympiques sont évidemment un objectif de ma saison, j’attends la sélection avec impatience. À Tokyo, c’était déjà génial mais c’était en pleine période Covid. Là, en France, devant un public français, ça va être exceptionnel », lâche-t-elle avec une émotion perceptible. Pour autant, Perrine Delacour ne perd pas de vue qu’elle a encore beaucoup à jouer sur le circuit américain. « L'avantage est que le golf est un sport où tout recommence à zéro chaque semaine, alors tout est possible. »