Première et deuxième Française à s'imposer en Majeur, Catherine Lacoste et Patricia Meunier-Lebouc ont suivi avec passion le triomphe de Céline Boutier à Évian.
Depuis l'Espagne et les États-Unis, où elles résident respectivement depuis de nombreuses années, Catherine Lacoste et Patricia Meunier-Lebouc ont assisté devant leur télévision au sacre de Céline Boutier à l'Amundi Evian Championship ce dimanche. Avec l'enthousiasme et la bienveillance qui les caractérise, la championne de l'U.S. Women's Open en 1967 et la lauréate du Kraft Nabisco Championship en 2003 ne se sont pas faites prier pour réagir au troisième succès français dans un Majeur féminin. « Ça m'a ramené quelques années en arrière, avec certaines similitudes puisque j'avais entamé le dernier tour de l'U.S Women's Open avec une belle avance, comme Céline le dernier jour », sourit Catherine Lacoste. « C'était merveilleux ! Je l'ai trouvée extrêmement calme, comme elle est d'habitude, et jouant tellement bien. C'était un plaisir de la voir attaquer les putts et taper de très beaux coups. Pendant tout le tournoi, elle a été supérieure aux autres. C'était formidable, d'autant plus que le parcours n'est pas facile du tout », poursuit la seule joueuse amateur à avoir remporté l'open américain professionnel. « C'est émouvant, surtout que pour Catherine ou moi, ça nous rappelle un moment fort qu'on a l'une et l'autre vécu », renchérit Patricia Meunier-Lebouc.
Patricia Meunier-Lebouc
Cinquante-six ans après la victoire de l'une, et vingt ans après le triomphe de l'autre, les deux championnes ne tarissent pas d'éloges sur Céline Boutier, entrée à leur suite dans l'histoire du golf français. « Techniquement, Céline a un jeu incroyable, mais c'est surtout sa ténacité et le travail mental qu'elle a mené depuis des années qui lui a permis de jouer à ce niveau la semaine dernière. Ce qu'elle a fait – jouer un coup après l'autre, rester dans le moment présent, descendre ses attentes – paraît simple quand on le dit, mais c'est certainement ce qu'il y a de plus dur à faire. C'est énorme ! » souligne la Dijonnaise, qui a fait la connaissance de Céline Boutier à l'époque où celle-ci portait les couleurs de l'équipe de France Dames chez les amateurs. « J'étais en Floride et j'avais renoué avec Karine Mathiot, qui était la responsable de l'équipe de France et entraînait beaucoup Céline », se remémore-t-elle. « Un jour, elle m'avait dit que l'équipe venait en stage au PGA National, à côté de chez moi, et elle m'avait invitée à venir les voir. J'avais évidemment accepté, et avec Antoine, mon époux, on était venus les voir s'entraîner. En les regardant taper – on ne les connaissait pas – on s'était dit tous les deux "tiens, c'est qui, elle ?" On voyait qu'elle avait déjà un swing réglé comme du papier à musique, que c'était précis et rigoureux. On a ensuite suivi sa carrière universitaire et professionnelle, mais dès le début on avait vu qu'elle sortait du lot ».
Si Catherine Lacoste ne la connaît pas aussi bien, la fille de Simone Thion de la Chaume, première golfeuse française à gagner un grand championnat à l'étranger (le British Ladies Amateur en 1927), parle d'expérience en prédisant à la nouvelle 4e joueuse mondiale un avenir sans nuages : « Cette victoire donne en quelque sorte une médaille dont la valeur dépasse le simple cadre du golf : gagner un championnat de ce niveau, ça veut dire qu'on peut contrôler ses nerfs, s'accrocher, qu'on a beaucoup travaillé, qu'on est impliqué dans ce qu'on fait, bref beaucoup de choses qui ont de l'importance dans la vie en général. Quelqu'un qui a gagné un tel championnat a un crédit pour toute sa vie, que ce soit dans la dimension personnelle et familiale, ou dans le monde du travail si elle décide un jour de faire autre chose que du golf. C'est une garantie de valeur en tant que personne, plus qu'en tant que sportive », détaille-t-elle. « Céline s'est investie corps et âme dans son projet sportif, en partant s'installer seule aux États-Unis. On ne peut pas réaliser à quel point elle a tout donné... C'est assez peu commun ! » admire Patricia Meunier-Lebouc.
Catherine Lacoste
Le golf féminin français compte désormais trois victoire dans les plus grands tournois professionnels du monde, et selon les deux premières lauréates il n'y a pas de raison pour que le compteur ne passe pas à quatre rapidement. « On peut y croire, oui ! Céline a su créer son système pour optimiser son potentiel, donc c'est tout à fait possible qu'elle gagne à nouveau la semaine prochaine au British. Elle a encore de très grandes choses devant elle », assure Patricia Meunier-Lebouc. Des succès dans les Majeurs féminins pourraient même – dans un second temps – venir d'ailleurs, de l'avis de Catherine Lacoste : « Cette victoire peut aider le golf à se développer en France, au niveau des jeunes notamment. Mais il faut l'utiliser. Je trouve ahurissant que les jeunes joueurs aient, de manière générale, aussi peu de culture golfique du passé. Cela dit, je pense que c'est en train d'évoluer petit à petit, et c'est heureux, car il est évident qu'un jeune va avoir plus envie de s'améliorer s'il a un modèle proche de lui, qu'il connaît, auquel il peut se référer. Céline a un bon contact avec tout le monde, et c'est un grand motif d'optimisme pour l'avenir que d'avoir une championne comme elle en France », conclut la « Crocodile Kid ».
Majeurs féminins : nombre de victoires par pays
205 : États-Unis
35 : Corée du Sud
16 : Suède
13 : Australie
7 : Angleterre
5 : Taïwan
3 : Canada, Thaïlande, France
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