Deuxième épisode de notre série consacrée aux statistiques du golf, leur diversité, leur signification, et surtout leur importance. Aujourd’hui, parlons un peu mises en jeu…

© Chris Turvey - Rolex

Un peu de vocabulaire

Comme les autres secteurs de jeu, celui des mises en jeu possède son propre univers statistique. Spécialement celui des coups de départ sur les par 4 et 5, qu’on regroupe usuellement sous l’anglicisme « driving ». Deux paramètres vont être les principaux objets de toutes les mesures : la distance et la précision.

Pour la distance, un bon tableau de statistiques de driving vous précisera d’ordinaire s’il s’agit d’une longueur « au carry » (autrement dit de l’impact jusqu’au premier rebond de la balle), ou de la distance totale en incluant la roule. Pour ce qui est des unités, nos amis anglo-saxons ont beau être de fervents partisans du yard, ils nous ont laissé une porte de sortie, à nous autres pauvres Européens continentaux : étant donné qu’un yard vaut précisément 0,9144 m, enlever 10 % au chiffre de base donnera toujours une approximation suffisamment précise.

Ces dernières années, les radars ont permis d’établir des données encore plus précises, comme par exemple la hauteur du point culminant de la balle (appelé outre-Atlantique « Apex ») et sa position par rapport à la distance totale du coup, ou encore le « spinrate », autrement dit le nombre de rotations sur elle-même effectuée par la balle, exprimée en tours par minute (RPM).

Pour ce qui est de la précision, la statistique la plus souvent avancée est celle de la moyenne des fairways touchés (cf. épisode 1). Mais entre trouver le petit rough en bordure de fairway et vacher sa balle dans le gros rough au-delà des rangées de spectateurs, il y a bien sûr une marge. Cette dernière est par exemple mesurée par la distance moyenne au bord du fairway, ou bien la même chose mais par rapport au milieu du fairway.

Et comment c’est mesuré tout ça ?

Premier élément à démentir : non, même sur les circuits professionnels, tous les drives de tous les joueurs sur tous les trous ne sont pas mesurés pour constituer leur moyenne de distance. Pas par paresse de l’organisation ni par manque de moyen, mais plutôt du fait que les conditions climatiques, la dénivellation du terrain et puis surtout le club choisi par les joueurs pour taper leur coup de départ sont autant d’opportunités de fausser les données.

La méthode couramment employée sur tous les circuits professionnels, et clairement recommandée à la fois par le R&A et l’USGA, est de choisir deux trous sur le tracé, répondant aux critères suivants : possédant une aire d’arrivée de la balle suffisamment plate ; conçus de telle manière que les joueurs ou joueuses choisiront le driver dans la grande majorité des cas ; et enfin orientés dans des directions opposées, afin de lisser l’effet du vent.

La plupart du temps, les grands circuits préféreront mesurer la distance totale du coup, roule de la balle comprise, pour leur catégorie principale de distance au drive (celle qui peut valoir une petite récompense en fin de saison). En effet, cela permet d’introduire une notion de précision au cœur de la distance : une balle atterrissant sur le fairway a plus de chances de rouler qu’une balle dans le rough ou pire, dans un bunker.

Au final, ça pèse quoi ?

Driver loin, driver droit, driver plus fort mais moins droit, ou plus en contrôle pour toucher plus de fairways… Lorsqu’on regarde les statistiques, quelle option vaut-il mieux choisir ? Difficile à dire, tant les exemples et contre-exemples foisonnent de chaque côté. Certes, les canonniers tels que Bryson DeChambeauDustin JohnsonJon Rahm, ou en son temps Bubba Watson, ont mis maintes fois à profit leur capacité à placer la balle en orbite. Néanmoins, sur le LPGA Tour, en 2021, la Néerlandaise Anne van Dam a terminé en tête de la distance moyenne au drive, avec 290,8 yards en moyenne, en devançant de six yards la Philippine Bianca Pagdanganan. Pour autant, toutes les deux ont terminé respectivement 110e et 125e de la Race to CME Globe (le classement général de la saison). Dans le même temps, la Sud-Coréenne Jin Young Ko terminait l’année en tête de cette même Race, tout en étant 71e à la distance au drive.

Mieux vaut essayer de toucher les fairways au maximum alors ? Là encore, Brendon Todd, leader des fairways en régulation sur le PGA Tour en 2021 (75,25 %), et son dauphin dans la catégorie Chez Reavie (74,11 %), n’ont même pas terminé l’année dans le top 100 de la FedEx Cup. Tout cela pour dire, non pas que le driving est insignifiant, mais qu’il ne constitue qu’une pièce du puzzle.


mots-clés