De son arrivée sur les circuits professionnels il y a une quinzaine d’années à l’utilisation qui en est faite aujourd’hui, le « strokes gained » a changé de mode de calcul. En résumé, il est passé d’une approche purement arithmétique à une approche probabiliste. Vous êtes prévenus : on va parler maths (et golf un peu quand même).
Petit rappel
Le "strokes gained" est une catégorie statistique apparue sur les circuits professionnels de golf vers la fin des années 2000. Son ambition est de mesurer combien de coups, en moyenne, un joueur ou une joueuse a gagné ou perdu par rapport à ses adversaires. Cette quantité est mesurable à l’échelle d’un tour, d’un tournoi ou d’une saison, en prenant simplement les scores bruts et en laissant la machine faire le reste.
Mais depuis le milieu des années 2010, les circuits, PGA Tour en tête, ont affiné cette statistique en séparant le grand jeu et le petit jeu du putting. Ainsi est apparu un "strokes gained" du tee au green et un "strokes gained : putting", l’addition des deux donnant le "strokes gained" total. Les modalités précises de calcul sont détaillées à l’épisode précédent, mais n’ont comme mérite que de parfaire votre culture historique. En effet, depuis, la méthode a changé.
Pourquoi changer ?
Le premier découpage du "strokes gained", celui entre le putting et le reste, avait posé une question : comment, concrètement, mesurer si un joueur ou une joueuse a gagné ou perdu ses coups sur le green plutôt qu’ailleurs ? Certes, le nombre de putts sur un tour apporte un éclairage, mais il est soumis à un biais important : la distance à laquelle le putt est tapé. Et donc, par ricochet, le reste du jeu finit par avoir une influence.
Solution pour gommer ce biais : avoir recours à cet outil aussi formidable que populaire (mais si, mais si…) : les probabilités. Grâce aux données accumulées depuis des années, les statisticiens sont capables de calculer une probabilité qu’un putt rentre à une certaine distance. Comparez la réussite d’un joueur ou d’une joueuse par rapport à cette probabilité sur chacun de ses putts, et vous obtenez son "strokes gained : putting".
Ce mode de calcul est utilisé depuis le milieu des années 2010. Problème : le "strokes gained" du tee au green n’y est calculé que par défaut. En creux, si vous préférez. Concrètement, il est seulement le résultat du "strokes gained" total auquel on soustrait le "strokes gained : putting". Ce qui empêche notamment de différencier le driving des attaques de green et du chipping. Cela ne pouvait passer que par la généralisation de l’approche probabiliste.
Du coup, comment faire ?
Depuis 2016 pour le PGA Tour et 2020 pour le Tour européen (devenu DP World Tour), c’est chose faite. Si vous allez faire un tour dans l’onglet "Stats" du site web de ce dernier, quatre catégories de "strokes gained" apparaîtront, en plus du total : "Driving" (ou "off-the-tee"), "Approach" (autrement dit les attaques de green), "Around the green" (coups à 50 yards ou moins) et "Putting".
Et là, vous vous posez forcément une question : Évaluer le résultat d’un putt en termes de probabilité est facile, car un putt ne peut avoir que deux résultats, rentrer ou ne pas rentrer. Dès lors, comment faire pareil avec, par exemple, une mise en jeu ? Tout simplement en prenant en compte le nombre de coups joués à partir du point d’arrivée de ladite mise en jeu.
Exemple : un joueur met sa mise en jeu dans le rough de gauche sur un par 4. Les données sont capables d’estimer que de ce point, les joueurs ont besoin, en moyenne, de 3,53 coups à partir de là pour finir le trou. Si le joueur sauve son par, un score de 0,53 sera ajouté au calcul de son "strokes gained : driving". En revanche, s’il concède un bogey, le score sera de -0,47.
La même opération est répétée dans les autres compartiments du jeu, jusqu'à pouvoir cumuler tous ces ajustements dans une statistique globale. Ça y est, vous êtes arrivés au bout, c’est ça le "strokes gained", tel que calculé aujourd'hui. Ce n’était pas si compliqué… Si, un peu quand même ?