Rescapé des Cartes européennes en novembre 2023, David Ravetto s'est offert deux victoires en 2024, l'une sur le Challenge Tour et l'autre sur le DP World Tour, validant au passage sa présence à la finale de la Race. Son avenir s'annonce donc bien plus serein qu'il y a tout juste un an.
Accrédité pour couvrir l'AfrAsia Bank Mauritius Open 2023, je croise David Ravetto dans le mini-bus qui effectue la navette entre le parcours de la Réserve et les différents hôtels aux alentours. En engageant rapidement la conversation, je m'aperçois au son de sa voix que le golfeur français est un peu dans le flou en ce début de saison 2023-24 du DP World Tour. Quelques semaines auparavant, il s'est extirpé du marathon en six tours des Cartes européennes organisées à Tarragone, en Espagne. Seizième, il s'est certes offert une catégorie 18 sur le Tour, mais son champ d'action au sein de l'élite européenne demeure très incertain. Ses trois premiers départs en Afrique du Sud, au Joburg Open, au SA Open et à l'Alfred Dunhill Championship, se sont d'ailleurs soldés par deux cuts manqués et une très anecdotique 47e place. « J'essaie de rentrer dans un maximum de tournois car je ne sais pas si ce qui va se passer par la suite », nous souffle alors l'intéressé, conscient de son statut ô combien précaire.
Cent trente-deuxième de la Race to Dubai à l'issue de la saison 2022-23, et malgré ce droit de jeu limité sur le Tour 2023-24, David Ravetto possède également une carte pleine sur le Challenge Tour. C'est sur cette deuxième division européenne qu'il entend justement enchaîner après un nouvel échec à l'île Maurice, quitte à prendre le risque d'échouer sur les deux tableaux. Le doute est néanmoins très vite dissipé puisqu'il s'impose le 18 février à Fancourt dans le Dimension Data Pro-Am, un tournoi sud-africain co-sanctionné avec le Sunshine Tour. Libéré d'un premier poids sur le Challenge Tour, il se donne alors jusqu'à la mi-juin pour choisir l'orientation qu'il entend donner à sa jeune carrière débutée chez les pros en 2020. « Les six derniers mois n'ont pas été faciles, il faut bien l'avouer », nous explique-t-il à l'issue de son succès. « Il y a eu beaucoup d'irrégularités dans mes résultats. C'est donc cool de constater que le travail entrepris cet hiver paye déjà. Cela m'a également permis de marquer beaucoup de points sur le Challenge Tour. Si jamais je constate en cours d'année que, malheureusement, pour x raisons, je ne parviens pas à marquer des points sur le DP World Tour, cela pourrait me permettre de bifurquer sur le Challenge Tour pour aller glaner ma carte sur le Tour en fin de saison. »
Retour fracassant
Il retrouve donc le DP World Tour, joue cinq tournois, rate deux cuts mais accroche une très encourageante 3e place au SDC Championship. Il repart le temps de deux épreuves sur le Challenge Tour avant d'entamer la tournée européenne du grand circuit. Hélas, cela ne se passe pas très bien : après avoir manqué de peu une qualification pour l'U.S. Open, il ne parvient qu'une seule fois en cinq départs à jouer le week-end. Il échoue encore dans le Kentucky au Isco Championship, puis effectue ce long break de presque un mois instauré dans le calendrier en raison des Jeux olympiques de Paris 2024. Un mal pour un bien ? En tout cas, son retour est tout simplement fracassant puisqu'il gagne le 18 août en République tchèque, à son 49e départ au plus haut niveau, avant de finir 4e la semaine suivante au Danemark !
Sa vie de golfeur pro bascule du tout au tout. Exempté pour deux ans, assuré de participer aux plus gros tournois de la rentrée, il intègre du même coup le top 30 de la Race et peut désormais espérer être au rendez-vous des très lucratifs Play-Offs début novembre dans les Émirats arabes unis. Il y a encore six mois, son avenir s'écrivait pourtant en pointillés… La magie du golf ? Très certainement ! Hyper perfectionniste, David Ravetto n'est toutefois pas satisfait de sa fin de saison. Malgré sa présence à Dubaï pour la finale, l'élève de Benoît Ducoulombier sait qu'il doit encore franchir un cap. Malgré une 50e place à la Race 2024 ! « Ce bilan est très bon, il n'y a aucun doute là-dessus », reconnaît-il doucement. « Mais il faut aussi que je comprenne que je dois être patient et prendre le temps. Et c'est peut-être pour cela que je fais des yoyos (59e à Crans-sur-Sierre, 49e à l'Open de France, 65e à Abu Dhabi, 44e au DP World Tour Championship), et que ça ne va peut-être pas assez vite à mon goût. Au-delà du jeu dans lequel il y a forcément des choses à améliorer, ma plus grosse marge de progression est de gérer au mieux mes attentes. Cet aspect mental dans lequel je peux vite être très dur avec moi-même… Il va falloir travailler là-dessus pour être le plus régulier, mentalement en tout cas. »
Ce qui est certain en revanche, c'est que sa progression fulgurante en l'espace d'un an à peine est très certainement l'une des plus belles histoires du golf français cette saison !