Matthieu Pavon, les Jeux olympiques, le futur du Golf National et du FedEx Open de France, la transition écologique du golf… Ce mardi soir, en direct sur Instagram, le président de la ffgolf Pascal Grizot répondait aux questions des licenciés. Extraits.
Nous avons vibré, il y a une dizaine de jours, lors de la 12e place de Matthieu Pavon au Masters. Il est actuellement 8e de la FedEx Cup, on imagine que cela vous fait forcément plaisir de voir un Français briller à ce niveau-là...
Pascal Grizot : Ça me fait surtout plaisir pour Matthieu et son entourage, parce que c’est un joueur qui a énormément travaillé pour en arriver là. C’est une succession, comme je l’ai dit souvent, de très bon choix. Il n’y a pas de malédiction française : quand on fait les bons choix, qu’on travaille, ça paye. Et on gagne des tournois, même aux États-Unis. Il a gagné dès sa première année, et c’est ça qui est remarquable, car en général, la première année, sur un circuit, on ne connaît pas les parcours, et on a un désavantage par rapport aux autres. Et lui, il gagne un tournoi, ensuite à Pebble Beach, il termine 3e, il avait déjà fait 7e de son premier tournoi à Hawaï, et puis finalement, il y a cette 12e place à Augusta, qui est historique. C’est merveilleux.
Vous aviez joué avec lui, en pro-am, à Pebble Beach. Comment l’aviez-vous senti ?
Je dois dire que j’ai été excessivement impressionné par la qualité de son jeu. Il tape des coups que j’ai vu taper par très peu de très bons joueurs. Il cumule puissance et précision, et c’est magique quand on arrive à faire ça.
On nous le rappelle souvent : contrairement à Céline Boutier, Matthieu Pavon n’est pas un produit de la filière fédérale. Cela ne change rien au fait que vous vous réjouissiez de ses performances ?
D’abord, que ce soit Céline ou Matthieu, le mérite leur revient à eux. Pour Céline, la Fédération a beaucoup aidé, car elle était au Pôle France au Golf National, elle a joué dans les équipes de France, et elle a même été défrayée pour jouer beaucoup de tournois individuels chez les amateurs. Pour Matthieu, c’était différent : il a eu un parcours où il jouait aussi beaucoup au football, il est arrivé tardivement au golf, il a eu des résultats chez les amateurs qui ne lui ont jamais permis d’être dans les équipes de France. Quand il est passé professionnel et qu’il a eu quelques bons résultats, la Fédération lui a permis de s’entraîner avec Benoît Ducoulombier, qui était à l’époque un entraîneur national. Mais effectivement, quand on dit qu’aujourd’hui, 92 % des joueurs du top 20 mondial professionnel étaient dans le top 20 mondial amateur, Matthieu, s’il entre dans les 20 premiers dans les prochaines semaines, fera partie des 8 %. Ce qui veut dire qu’il y a des statistiques, et il y a ce qu’il se passe. Et il faut faire mentir les statistiques. Et quand on fait tout bien, on a plus de chances d’y arriver.
Depuis le début d’année, les tournois du LPGA Tour sont diffusés en direct sur ffgolfTV et Journal du Golf TV. Quels sont les premiers retours ?
Les audiences sont bonnes. Je voudrais aussi rappeler comment on en est arrivé à pouvoir racheter, avec L'Équipe et le groupe Amaury, les droits lorsque Golf Channel France a souhaité arrêter. Il y a eu un appel d'offres. La Fédération n'a pas vocation à faire concurrence à qui que ce soit. Mais c'est vrai que, quand L'Équipe nous a appelés et nous a dit que les droits étaient un peu chers et qu'on pouvait les aider, on s'est dit qu'on ne pouvait pas laisser le LPGA Tour, avec les championnes que l'on a qui jouent régulièrement, et ne pas leur donner la visibilité qu’elles méritent. Donc c'était très important de pouvoir aider L'Équipe à acquérir ces droits, et on collabore avec eux comme on collabore aussi avec tous les autres médias. Mais la plateforme ffgolfTV est évidemment la plus suivie par tous les fans de golf licenciés à la Fédération.
La semaine dernière, nous étions à J-100 des Jeux olympiques. Comment le Golf National se prépare-t-il ?
On a la chance d'avoir un greenkeeper avec beaucoup d'expérience, Lucas Pierré, qui a participé à l'organisation de la Ryder Cup sous la responsabilité d'Alejandro Reyes. Il doit en être à son 10ᵉ Open de France, il a autour de lui une équipe ultra-motivée. Et cette année, c'est vrai que ce sera une année un peu spéciale, parce qu'on aura et le FedEx Open de France, et les Jeux olympiques.
L'avantage de ce parcours, c'est que tous les travaux ont déjà été faits au moment de la Ryder Cup, que ce soit en termes de drainage, d'irrigation, d'amélioration des greens, pour permettre d'avoir plus de positions de drapeaux. Donc tous les investissements avaient déjà été faits avant. Et là, pour préparer le parcours, il n'y a pas grand-chose à faire.
Je suis plus inquiet pour l'héritage que laissera cet événement au golf, parce que je trouve, et je l'ai dit à plusieurs reprises, que de n'accueillir que 25 000 spectateurs, qui est la jauge qui a été définie par le Comité d’organisation, c'est évidemment une jauge qui n'est pas ambitieuse. À ça, on me répond que, comme sur le plateau de Saclay, il y a déjà trois événements (un à Versailles pour l'équitation, un pour le vélo à Saint-Quentin-en-Yvelines, et un au golf), les transports en commun ne peuvent pas se permettre d'emmener tout le monde. C'est étrange, parce que pour remplir le Stade de France, on ne va pas le remplir à un tiers de sa capacité. Or, le maximum de jauge du Golf National, c'est 60 000 spectateurs. Donc en en mettant 25 000, on est à un peu moins de la moitié. Et je trouve que c'est dommage. Et là, c'est une incompréhension qu’il y a eu entre la Fédération internationale, dont nous faisons partie, et le Comité d'organisation, qui a voulu organiser cette compétition golf d'une façon peu ambitieuse.
Des travaux vont bientôt avoir lieu aux alentours du Golf National avec le Grand Paris. Est-ce que ça va avoir un impact le parcours de l’Albatros ?
Ça va forcément avoir un impact, parce que déjà il va y avoir un peu plus d’un an et demi de travaux, pendant lesquels on ne pourra pas utiliser l'Albatros. On a trois trous qu'il va falloir modifier : le 4, le 5 et le 6. Mais quand ces trous auront été redessinés, je pense qu'ils seront meilleurs que ce qu'ils sont aujourd'hui. Donc l'impact sur le parcours en lui-même, c'est peu de chose. Ce qui m'ennuie plus, c'est au niveau du Centre de performance. On avait construit une zone de petit jeu, à laquelle je suis très attaché, et on l'avait construite dans un endroit où, normalement, il ne pouvait rien se passer, parce qu'on est à côté d'un monument historique. Mais force est de constater que le monument historique ne gênera pas l'État pour pouvoir faire passer un train. Donc on va être obligé de modifier quelques greens là aussi, mais je suis encore très positif, parce que, avec l'expérience que nous avons, je suis sûr qu'on va arriver à sortir un produit qui correspondra parfaitement aux attentes de nos athlètes.
Et enfin, le parcours d'initiation de l’Oiselet, qui n'était franchement pas une réussite, on va considérablement l'améliorer. Et justement, quand j'ai joué avec Matthieu à Pebble Beach, j'ai vu un concept qu'a construit Tiger Woods, qui est un concept de pars 3 pour les joueurs confirmés comme pour les joueurs qui n'ont jamais joué. C'est quelque chose que j'aimerais bien arriver à installer.
Ces travaux, quel impact vont-ils avoir sur le FedEx Open de France ?
Il va y avoir, évidemment, des contraintes. La première, c'est que cette année, on fermera le parcours après le FedEx Open de France, du 10 au 13 octobre. Et en 2025, c’est Saint-Nom-la-Bretèche qui nous fait l'honneur et le plaisir d'accepter d'accueillir cette épreuve. C'est une très bonne nouvelle pour eux comme pour le golf français. C’est un golf qui fait partie du patrimoine golfique français, puisqu'il a organisé le Trophée Lancôme, mais aussi le Vivendi Trophy, à l'époque. Pouvoir travailler avec eux pour organiser le FedEx Open de France, je pense que c'est une vraie chance réciproque pour la Fédération comme pour Saint-Nom-la-Bretèche.
FedEx est devenu officiellement le sponsor titre de l’Open de France. La dotation reste la même que l’année dernière. Est-ce qu’il y a des perspectives d’avenir différentes ?
D'abord, c'est une bonne nouvelle pour le DP World Tour, parce que nous ne sommes pas les promoteurs de l'Open de France. Là, il n'y avait pas de sponsor. Donc ça veut dire qu'ils étaient obligés, sur leurs deniers personnels, d'organiser l'Open de France. Un nouveau sponsor, c'est une bonne nouvelle pour le DP World Tour, et je suis ravi pour eux.
Ensuite, pour moi, la bonne nouvelle, c'est que ce soit un sponsor américain, déjà très impliqué dans le golf. Depuis des années, je négocie pour qu'on puisse avoir ce qui s'appelle maintenant un Signature Event, où on aurait les meilleurs joueurs professionnels du PGA Tour qui viendraient en Europe. Quand on connaît l'importance de FedEx au sein du PGA Tour, on peut imaginer qu’il pourrait avoir une influence s’il avait envie de sortir des États-Unis. C'est grâce au PGA Tour qu'on a eu ce partenaire. C'est grâce aux contacts qu'on a établis aussi au fil des années, et à la crédibilité que la France a pu acquérir, notamment grâce à l'organisation de la Ryder Cup.
L’objectif fixé par la loi Labbé est l’arrêt de l’utilisation des produits phytosanitaires au 1er janvier 2025. Est-ce que c’est atteignable pour l’ensemble des golfs français ?
Non, ce n’est pas atteignable. Et c'est pour ça qu'on travaille aujourd'hui sur les dérogations. La loi Labbé dit qu'on ne peut plus utiliser des produits phytosanitaires. Mais il y a des possibilités de dérogation par rapport à certains usages qui ne peuvent se traiter qu'avec l'apport de produits phytosanitaires. Pour les golfeurs, le dollar spot et la fusariose sont des maladies qu'aujourd'hui, on ne peut pas traiter sans l'apport de produits phytosanitaires. Donc Rémy Dorbeau, le président de l’Agref, qui est l’association des greenkeepers, est en train de travailler en collaboration avec la Fédération pour ces demandes de dérogation. J'ai bon espoir qu'on puisse les obtenir.
Il y a eu cette polémique au mois de février avec La France Insoumise (LFI), et cette campagne qui mettait en cause les golfeurs. Vous étiez passé chez Cyril Hanouna dans « Touche pas à mon poste ». Quel était le but ? Et quels ont été les retours ?
D’abord sur la campagne, LFI, je ne sais pas vraiment ce que j’ai à en dire. Moi, je ne fais pas de politique. Ce que je veux, c'est le meilleur pour mon pays. Et force est de constater que je ne suis pas certain que LFI soit la solution pour notre pays. Au-delà même du golf. Ce sont des gens qui divisent le peuple français, et qui attisent des haines qui sont totalement ridicules. Vouloir faire une campagne en parlant des riches (ce n'est pas une maladie), et à la suite de cela parler des racistes et des golfeurs, on est capable d'aller mettre trois types de personnalités comme ça sur le même plan, c’est simplement lamentable. Ils ont voulu faire un coup de pub qui n’est pas digne d'un parti politique ayant des représentants à l'Assemblée nationale et au Sénat. Mais malheureusement, avec LFI, on s'attend au pire, et on n'est jamais déçu.
Je vous avoue que l'émission de Cyril Hanouna, ce n'est pas forcément une émission que je regarde. Il n’y a peut-être pas beaucoup de golfeurs qui la regardent non plus. Mais quand il m'a proposé de venir sur son plateau, j'ai d'abord refusé, et ensuite j'ai reconsidéré, parce que je me suis que, si on veut parler de golf à des non-golfeurs, c'est en allant au-devant de gens qui n'ont pas l'habitude qu'on leur parle du golf. Merci et chapeau à Cyril Hanouna, parce que je n'étais pas forcément un fan de ses émissions. D'abord, je ne le savais pas : il est golfeur lui-même. En dehors de l'émission, on a beaucoup parlé ensemble, et il a dit simplement que si ça pouvait être utile pour le golf, ça faisait aussi partie de son rôle d'animateur d'une émission à très grande audience. Donc merci à lui.
Il y a eu des dégradations, encore une fois, en Ariège il y a quelques semaines, à Saint-Cloud ce week-end… Qu'est-ce que fait la Fédération pour aider les golfs ?
Moi, je ne peux pas faire grand-chose. J'ai envoyé un message à M. Darmanin, ministre de l’Intérieur, en lui disant que nous étions très démunis face à des attaques qui sont d'une extrême lâcheté. Venir sur un parcours de golf la nuit, ce n’est pas braquer la Banque de France : on vient la nuit, on fait des trous dans un grillage et on retourne un parcours de golf. L'Écogolf Ariège-Pyrénées, ça n'échappe à personne que c'est un golf municipal, qui est géré en grande partie par des bénévoles, qui se sont tous bougés pour remettre le parcours en état. Aller s'attaquer à un parcours qui n’utilise pas de produits phytosanitaires et qui n’a l’arrosage que pour les greens, c'est évidemment complètement lamentable, et on se trompe complètement de cible.
Pour Saint-Cloud, on dit qu'il faut rendre à Saint-Cloud les terres arables. Donc ça veut dire que, dans les rêves des personnes qui ont dégradé le golf, il faudrait aller mettre du maïs au centre de Saint-Cloud. Et puis on peut aussi en mettre aux Invalides ou déforester le bois de Boulogne... On voit bien qu'on a en face de nous des personnes qui vivent sur une autre planète.
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L’Initiative : Écogolf Ariège-Pyrénées