Les "Pourquoi" du golf. Tout le monde sait qu’il faut arrêter de jouer lorsqu’un orage arrive. Mais pour quelle raison, exactement ? Espace ouvert ? Clubs en métal ? Les arbres ? Et que faut-il faire en priorité ? Explications.

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La foudre est le danger principal lorsque vous vous trouvez sur un terrain de golf pendant un orage. © Ralf Hirschberger / AFP

Pourquoi ne faut-il pas jouer au golf sous un orage ? Parce que c’est dangereux. Oui, d’accord, mais pourquoi est-ce dangereux ? Si vous vous amusez à poser cette question autour de vous, sans doute que les mêmes thèmes vont revenir : le fait qu’un parcours de golf est une vaste étendue dégagée en plein air, qu’un joueur transporte des objets métalliques (typiquement, des clubs) qui peuvent attirer la foudre, ou encore la présence d’arbres, qui serait susceptible, elle aussi, d’attirer le feu de Zeus. Dans tout cela, il y a du vrai. Mais également quelques subtiles idées reçues çà et là.

C’est quoi, un orage ?

Commençons par le commencement. Qu’est-ce qu’un orage ? Ou plutôt, pour parler du danger le plus prééminent du phénomène sur un parcours de golf : qu’est-ce qui fait qu’à un endroit, la foudre peut frapper ? C’est une histoire de différence de potentiel électrique.

Dans les cumulonimbus, qui sont les nuages d’orage par excellence, les charges électriques, positives et négatives, s’accumulent de part et d’autre. Ainsi, les charges négatives se retrouvent en surpopulation dans le bas du nuage, ce qui a un impact direct sur les charges au sol : les négatives sont repoussées, et les positives, attirées. Ce phénomène crée ce que l’on nomme une différence de potentiel entre le bas du nuage et le sol. De quelle manière cette différence est-elle gommée ? De manière violente. Une décharge très forte intervient, qui a pour effet de créer un mince plasma très lumineux, fendant l’air pendant quelques millièmes de seconde. C’est ce qu’on appelle la foudre. Le tonnerre, lui, est simplement le bruit résultant de l’agitation de l’air par la foudre.

Quels sont les dangers de la foudre ?

La foudre peut provoquer des dégâts humains de plusieurs manières. Tout d’abord, par foudroiement direct, lorsque la foudre vous tombe directement dessus. Si ce danger est le plus intuitif, il est, paradoxalement, le moins répertorié. On estime, en effet, qu’environ 5 % des cas de foudroiement se font de manière directe.

En revanche, des cas plus courants sont ceux du foudroiement par contact, lorsque la victime touche un objet lui-même touché par la foudre, ou par rebond, autrement dit, lorsque la décharge frappe un objet (comme un poteau, par exemple), pour, de là, toucher un autre objet ou organisme à proximité. Ce dernier cas peut prendre la forme de ce qu’on appelle une "tension de pas". Lorsqu’un organisme a plusieurs points de contact au sol éloignés les uns des autres, une différence de potentiel peut se créer entre eux. Si la foudre frappe à proximité, cette différence peut alors générer un courant électrique, qui parcourt le corps. C’est, d’ailleurs, ce qui rend les vaches plus vulnérables à la foudre que les humains. En effet, ces animaux quadrupèdes offrent un pont plus grand pour le courant, et le chemin que ce dernier parcourt passe immanquablement dans la région du cœur, contrairement à ce qui se passe généralement pour notre espèce bipède.

Le dernier risque important ne concerne pas la décharge électrique directement, mais la chute d’objets qu’elle peut engendrer. Par exemple, si la foudre tombe sur un arbre, elle va instantanément vaporiser une grande quantité d’eau contenue dans le bois. Les chutes de branches, voire de l’arbre tout entier, sont alors un danger pour quiconque se trouverait à exacte proximité.

Non, les golfeurs ne sont pas les plus frappés par la foudre

Dans les quelques idées reçues et autres lieux communs qui circulent, on entend parfois dire que les golfeurs sont les plus frappés par la foudre lors de leur activité favorite. Or, mesures prises, non. Le spécialiste américain John S. Jensenius Junior, du National Lightning Safety Council, a mené une étude poussée sur le sujet aux États-Unis, de 2006 à 2019. Il en ressort que, sur cette période, 10 golfeurs sont morts foudroyés. Un chiffre quatre fois plus faible que les 40 pêcheurs ayant rencontré le même destin tragique, ainsi que les 25 accidents fatals survenus sur des plages. Le golf n'est même pas le sport le plus dangereux, puisque 12 personnes ont trouvé la mort sur des terrains de football.

Et ça se traduit comment, sur un parcours de golf ?

Pour chacun de ces dangers, le fait de se trouver sur un parcours de golf peut faire augmenter les risques. En ce qui concerne le foudroiement direct, il peut être favorisé par le fait d’être la seule "proéminence" au milieu d’une étendue plane. Les charges électriques du sol auront donc tendance à montrer le long de votre corps et à s’y accumuler, faisant de vous une cible de choix pour la foudre. Donc oui, être sur un parcours de golf ouvert et plat est un danger.

Ensuite, thème récurrent : les clubs en métal. Eux aussi sont bel et bien un facteur de risques. Mais dans une certaine mesure seulement. En cas d’orage, il est très fortement déconseillé de tenir un club (ou tout autre objet en métal), et encore plus de l’élever vers le ciel (en réalisant un swing, par exemple). L’histoire est toujours la même : si le club se rapproche du bas du nuage d’orage, les charges électriques positives du sol vont avoir tendance, attirées par les charges négatives en hauteur, à s’y accumuler. D’où une probabilité accrue que la décharge intervienne. La même chose est d’ailleurs valable pour les parapluies.

En revanche, s’éloigner de quelques mètres de son matériel permet déjà de gommer ce danger. La foudre aura alors tendance, pour peu que vous y mettiez du vôtre (lire plus loin), à frapper les clubs plutôt que vous. De plus, une fois l’orage passé, vous pourrez reprendre votre matériel sans le moindre danger : s’il a été frappé par la foudre, il ne présente absolument aucun risque de vous électriser, puisque justement la décharge a permis de neutraliser son potentiel électrique. En revanche, et contrairement à ce que quelques légendes urbaines laissent croire, les montres, téléphones et GPS n’augmentent pas le risque d’être foudroyé. Et il ne s’accroît que de manière négligeable par le port de chaussures à clous.

Enfin, sujet de préoccupation souvent souligné : les arbres. L’adage est bien connu : il ne faut pas se mettre sous un arbre pendant un orage. Il est vrai, mais il faut distinguer deux cas de figure. Le premier : celui où un arbre trône seul au milieu d’une étendue plane et ouverte. Cette configuration le rend susceptible de recevoir la foudre en priorité, laquelle pourrait frapper, par rebond, un individu abrité dessous. La seconde : celui d’une forêt constituée d’une multitude d’arbres, tous de taille analogue. Il est donc moins probable que la foudre frappe l’arbre sous lequel vous vous trouvez. En revanche, vous demeurez vulnérable aux chutes de branches des arbres voisins. Il est donc fortement conseillé de trouver une clairière.

Mais alors, que faire ?

Le conseil le plus évident, en cas d’orage sur un parcours de golf, est de partir s’abriter dans un bâtiment en dur et fermé (typiquement, un club-house), si possible en laissant son matériel sur place. Autre solution parfaitement sûre : rester dans votre voiture. En effet, sa carrosserie constitue ce que l’on appelle une cage de Faraday. Le courant électrique courra alors tout le long de la paroi du véhicule, mais ne viendra jamais vous toucher à l’intérieur. Mais attention, on parle bien ici d’une voiture entièrement fermée. Une voiturette de golf, en revanche, ouverte à l’air libre, n’offre pas de protection. Et ses pneus en caoutchouc censés l’isoler du sol… ne l’isolent pas contre une décharge comme la foudre.

Beaucoup de parcours recèlent également des abris semi-ouverts. Ils sont très pratiques pour s’abriter de la pluie, mais pas complètement efficaces pour ce qui est de l’orage. Cela peut être le cas, si la structure a été équipée, par exemple, d’une pointe sur son faîte pour capter la foudre, de conducteurs le long de ses parois, et d’une prise de terre. Mais si vous avez un doute à ce sujet, préférez un bâtiment fermé avec quatre murs.

Maintenant, imaginons. L’orage est arrivé très vite et sans signe avant-coureur, vous êtes à plusieurs kilomètres à vol d’oiseau du club-house, et il n’y a pas d’abri en dur à l’horizon. Dans ce scénario du pire, que faire ? Déjà et comme dit précédemment, vous éloigner de votre matériel de golf et de tout objet métallique en général. Ensuite, rechercher un endroit plutôt bas, sans arbre isolé à proximité, et à distance des plans d’eau. De là, la posture qui présente le moins de risques est celle qui consiste à s’accroupir, pour diminuer artificiellement sa taille, et à joindre les pieds, afin de réduire au maximum la différence de potentiel entre vos deux points de contact au sol. Mais il s’agit bien là du scénario du pire. Encore une fois, essayez au maximum d’anticiper un retour vers votre voiture ou le club-house. L’orage finira bien par passer.


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