Elle n’est pas encore terminée, mais la saison amateur a été jalonnée par de nombreux succès internationaux pour les Français, individuellement ou par équipes, et dans toutes les catégories. Tour d’horizon.

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L'équipe de France boys a acquis un succès en forme de revanche cet été, lors des championnats d'Europe par équipes. © EGA

Championnats d’Europe par équipes : une année à torses lourds

Les chiffres ne mentent pas. Sur neuf championnats d’Europe par équipes auxquels elle a participé en 2024, la France a amassé sept médailles, dont quatre en or, et eu comme "pire" résultat la cinquième place des messieurs et des girls, au mois de juillet. Autant dire que la moisson a été belle. 

Dans les quatre principales catégories, celles qui disputent leurs championnats au début de l’été, les boys ont signé une victoire en forme de revanche. L’an passé, en effet, la victoire leur avait échappé de peu, les Suédois rentrant un long putt au bout du suspense dans le match décisif. Cette fois, une équipe qui avait gardé la même ossature n’a pas laissé les adversaires avoir cet espoir, en dominant les qualifications, puis ne remportant les trois matches qui allaient les mener au titre.

Pour les dames, seule une très solide équipe d’Allemagne a pu venir à bout de l’équipe de France. L’escouade, où trois joueuses sur six faisaient partie de l’équipe girls championne d’Europe de sa catégorie il y a deux ans, est tout de même revenue d’Espagne avec une belle médaille d’argent. Les messieurs et les girls ont trébuché au stade des quarts de finale, mais ont ensuite gagné leurs deux matches de classement pour terminer 5e. Les girls ont notamment battu la Suède, qui évoluait à domicile, puis l’Espagne, championne en titre.

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L'équipe de France dames a terminé son championnat d'Europe avec une belle médaille d'argent. © EGA

Ça, c’était pour le début de l’été. Car la fin, elle aussi, a offert son lot de bouts de métal. À commencer par la semaine consacrée aux championnats d’Europe par équipes seniors, qui s’est terminée sur un bilan limpide : médaille d’or chez les messieurs, et médaille d’or chez les dames. Pour la première fois cette année, les mid-amateurs avaient également le droit à leur propre championnat continental par équipes, qui plus est à domicile, sur le tracé basque de Chiberta. Et le bilan a frôlé la même perfection : le titre est revenu aux Françaises chez les dames, et il a de peu échappé aux messieurs, qui ont dû se contenter de l’argent derrière l’Espagne.

À signaler que, si l’on se forçait à gonfler les statistiques, on ajouterait, même si ces deux tournois ne rentrent pas exactement dans la même catégorie, la médaille d’argent du RCF La Boulie à le Coupe d’Europe des clubs dames (la version messieurs se joue la semaine prochaine, au Cabot Bordeaux), et la médaille d’or des U16 français au European Young Masters (lire plus loin).

La relève est déjà là

Bastien Amat chez les messieurs, Adela Cernousek chez les dames : le golf amateur français connaît ses deux têtes d’affiche, installées désormais dans le top 20 de la hiérarchie mondiale. Le natif du Pas-de-Calais a poursuivi son ascension, en gagnant deux tournois universitaires américains de plus en 2023-24, et en terminant deuxième en individuel de son Regional, deuxième étape des play-offs de la saison de NCAA. Sorti avec son diplôme en poche de l’Université du Nouveau-Mexique, il a pu participer, grâce à ses performances, à l’Arnold Palmer Cup, puis à la victoire du Continent européen sur les Britanniques au St Andrews Trophy. Il a surtout brillé lors de l’U.S. Amateur, atteignant le stade des huitièmes de finale.

Adela Cernousek, de son côté, a connu une saison similaire. Son principal fait d’armes est son sacre de championne individuelle en NCAA, chose que la France attendait depuis 29 ans. Une victoire qui n’est pas venue de nulle part, à l’issue d’une saison où elle a collectionné sept tops 10 en tournois universitaires. Elle aussi a gagné sa participation à l’Arnold Palmer cup, qui s’est insérée entre deux gros temps forts : ses participations à l’U.S. Women’s Open et à The Amundi Evian Championship, ses deux premiers Majeurs. Dans le premier cas, elle s’est même distinguée en signant l’un des meilleurs scores du premier tour, avant de franchir le cut. Elle aussi a vécu une belle aventure à l’U.S. Women’s Amateur, se rendant les armes à la main en quart de finale. Actuellement, elle pointe au 7e rang du classement mondial amateur.

Adela Cernousek a participé pour la première fois de sa carrière à The Amundi Evian Championship. © Matthew Lewis / Getty Images - AFP

Seulement, ces deux têtes d’affiche s’apprêtent à faire le grand saut vers les professionnels. Pas de panique : les jeunes sont prêts à prendre la relève. Comme l’a montré la médaille d’or française collective au European Young Masters, la deuxième consécutive dans cette épreuve qui s’apparente à un championnat d’Europe par équipes U16 mixte. Les U14 ont également prouvé leur valeur, en allant chercher la médaille d’argent à l’Amundi Evian Juniors Cup, chose accomplie par ailleurs par Louis Le Sager au classement individuel des garçons. Margaux Poissonnier, qui faisait partie de l’escouade, avait déjà remporté début août l’English Girls U14. Aux Internationaux de Belgique de cette même catégorie, les Bleus ont fait grand chelem, avec Lana Guyot lauréate chez les filles et Alexandre El Khomri vainqueur chez les garçons. Laquelle Lana Guyot a prouvé, aux derniers Internationaux de Suisse, qu’elle pouvait aussi gagner en toutes catégories. Les Internationaux de France U14, eux, ont été remportés par Vincente Savioz.

N'y aurait-il, alors, que les U16 et les U14 capables de gagner, et faudra-t-il attendre leur éclosion ? Que nenni. Dès le mois d’avril, les Bleus ont fait carton plein aux Internationaux de France jeunes : victoire d’Oscar Couilleau au Trophée Michel Carlhian, et victoire de Lily Reitter, en finale face à Louise Uma Landgraf, au Trophée Esmond. Landgraf n’a pas attendu très longtemps pour gravir une marche de plus, en remportant le Girls’ U16 Amateur Championship (une première pour une Française), puis en s’adjugeant l’Annika Invitational Europe, l’un des tournois de référence du calendrier amateur.

Louise Uma Landgraf, recevant le trophée de lauréate de l'Annika Invitational de la légende Annika Sörenstam. © Annika Foundation

À cela peuvent encore s’ajouter plusieurs accomplissements : la demi-finale disputée par Tom de Herrypon au British Boys, la qualification gagnée par Manon Petitcolas au British Girls, la finale disputée par Sara Brentcheneff aux Internationaux d’Espagne dames, la victoire de Louka Morin au Scottish Boys, la victoire de Mila Tamisier au Trophée Cécile de Rothschild, celle de Camille Min-Gaultier aux Internationaux d’Italie

La liste est longue ? Les responsables de sélection des différents matches internationaux ont été du même avis. Pas moins de quatre Françaises ont participé, le mois dernier, à la Ping Junior Solheim Cup sous les couleurs européennes (Lily Reitter, Louise Uma Landgraf, Sara Brentcheneff et Alice Kong). Reitter, Landgraf et Kong constituaient quant à elle la moitié de l’équipe continentale du Junior Vagliano Trophy, qui s’est inclinée de peu, fin août, face à la Grande-Bretagne et l’Irlande. Parmi les neuf continentaux du Jacques Léglise Trophy, chez les garçons, Oscar Couilleau, Hugo Le Goff et Arthur Carlier étaient les trois représentants français, auxquels on peut ajouter l’Ukrainien Lev Grinberg, en formation au Centre national de performance du Golf National et très en vue lors du FedEx Open de France, la semaine passée. Quand on vous dit que la relève est déjà là…

Deux questions à...

Jean-Luc Cayla, directeur national de la performance de la ffgolf.

Quel est votre sentiment à la vue de la saison réalisée par les amateurs français ?
D’abord, forcément, un sentiment de satisfaction pour les joueurs et les coaches. Tout cela ne fait que valider la stratégie de haut niveau que nous avons déployée il y a maintenant plus de quatre ans. L’objectif que nous nous sommes fixés, très ambitieux mais nous l’assumons, est de former des joueurs et des joueuses capables d’intégrer le top 20 mondial de manière pérenne. Cette année, même si nous ne sommes pas responsables de tout bien entendu, mais nous pouvons déjà nous satisfaire d’avoir Matthieu Pavon qui a été n° 20 mondial au plus haut, Céline Boutier n° 3, Adela Cernousek n° 7 du classement mondial amateur, et Bastien Amat n° 19. Il est bon de le répéter : la plupart des gens qui sont top 20 chez les professionnels, ils ont déjà été top 20 voire top 10 chez les amateurs.

De manière globale, nous pouvons nous féliciter de l’importance que prend la France sur le plan européen et international, et surtout la dynamique globale. C’est la deuxième année consécutive que nos quatre équipes se qualifient pour les quarts de finale dans les quatre championnats d’Europe principaux (messieurs, dames, boys et girls, NDLR). Par ailleurs, la France a gagné le classement collectif du European Young Masters pour la deuxième année de suite, ce qui montre que la relève est déjà là chez les U16. Les U14 ont terminé deuxièmes de l’Amundi Evian Junior Championship, les girls ont fait 4e de leur championnat du monde récemment. Et par ailleurs, les paragolfeurs, les seniors dames et messieurs et les mid-amateurs dames ont tous été champions d’Europe cette année. Et ce sont des championnats qui permettent d’augmenter notre visibilité, et qui participent à la bonne dynamique globale.  

Quels sont, selon vous, les points d’amélioration pour l’avenir ?
Je souhaite souligner qu’il s’agit d’un travail collectif, qui va jusqu’aux ligues. Aujourd’hui, nous avons de plus en plus de qualité, et il faut continuer à renforcer cela. Si on se limite aux Centres nationaux de performance, on n’ira nulle part, car cela implique seulement environ 25 personnes. Or, nous avons un gros travail qui est fait en club, beaucoup de joueurs et joueuses de haut niveau sont formés dans les clubs, hors de nos structures, et il faudrait que ce travail se diffuse encore plus, pour augmenter notre vivier et notre présence. Pour cela, il faut croire en nos chances, être ambitieux, développer nos compétences. Ce ne sont pas que des questions de moyens financiers, mais aussi en termes de qualité. Cela se renforce à tous les niveaux, mais il faut que l’on accentue encore ça. Et on aura besoin de tout le monde.