Le jeune Français, qui fête ses 17 ans ce mercredi même, a remporté dimanche dernier les Internationaux d’Espagne, son plus beau succès jusqu’à présent. De quoi parfaitement lancer une saison où participer à la Junior Ryder Cup et aux Mondiaux amateurs par équipes constitue son double objectif.

Toujours en maîtrise, Hugo Le Goff. Pas le genre à se laisser aller, dans la foulée d’une grande victoire, à planer sur son petit nuage et à faire déborder son enthousiasme de tous les côtés. Mais qu’on ne s’y trompe pas, faire assaut d’euphémismes pour qualifier sa performance n’est pas son genre non plus. Celui qui a remporté dimanche dernier les Internationaux d’Espagne messieurs se dit clairement « très content du résultat, de la manière dont [il a] joué au golf ». Connaisseur du jeu et de son histoire, celui qui fête ce mercredi 5 mars 2025 ses 17 ans a jeté un œil aux lignes précédentes du palmarès de la Copa S.M. El Rey, et aperçu de jolis noms comme Sergio García, Darren Clarke, José María Olazábal ou Romain Langasque. En y ajoutant le sien.
Sa victoire au Real Guadalhorce Club de Golf constitue le plus beau succès de sa carrière jusqu’à présent, et lui permet de faire son entrée dans le top 100 mondial amateur, précisément à la 95e place. « J’ai mis en place tous les moyens possibles pour gagner », explique-t-il pour résumer une semaine où l’un de ses principaux atouts a été de répondre présent dans les moments clés. En 9e position ex æquo après la phase de qualification en stroke play, Hugo Le Goff n’a pas eu beaucoup de chance au tirage, en tombant au premier tour du tableau de match play sur le Gallois Tomi Bowen, l’un des joueurs les mieux classés du champ. Un scénario propre à rappeler au Parisien son expérience d’il y a deux ans, dans cette même épreuve. Mais cette fois, il a pu poursuivre sa route. « Je savais que ça allait être un gros match, qu’il allait falloir être présent, commente-t-il. J’ai gagné 1 up en rentrant un bon putt au 18, et honnêtement, je pense que c’est à ce moment-là que j’ai vu comment je développais mon jeu sur le parcours, et que j’ai su que je pouvais aller chercher la victoire. »
Le chemin vers la coupe n’a pas été sans embûche pour autant. En huitième de finale, le joueur licencié au Golf de Paris a connu une autre confrontation serrée contre l’Irlandais John Doyle. « Il est revenu dans le final alors que j’étais dormie, narre Hugo Le Goff. Il m’a obligé à faire un birdie sur le dernier pour gagner le match. » Nouvelle épreuve nerveuse, au tour suivant face au Néerlandais Björn Driessen. « Il rentrait tout à moins de cinq mètres, raconte le Français. Ça puisait énormément d’énergie mentalement. » Mais une nouvelle fois, une victoire 1 up lui a permis de se qualifier, et de connaître deux derniers matches aux scores moins serrés jusqu’au titre.
Si Hugo Le Goff a réussi à se tirer de ces différentes chausse-trappes, il l’attribue avant tout à l’expérience qui est déjà la sienne dans les situations sous pression. Champion de France amateur messieurs à seulement 13 ans en 2021, vainqueur aussi de titres nationaux chez les jeunes, il s’est déjà confronté à des situations où les coups valent cher. « Ce sont des moments où il faut être présent », souligne-t-il, tout en insistant sur le rôle positif que joue en la matière ses entraînements au Centre national de performance du Golf National. « Notre coach Kenny Le Sager nous met quotidiennement sous pression au travers de différents exercices, détaille-t-il. C’est dans le but que cela puisse nous servir dans ces moments-là. »
Deux jours de stage avec Olazábal
Avec une 18e place à la Jones Cup, une 8e place aux Internationaux du Portugal et sa victoire aux Internationaux d’Espagne, Hugo Le Goff estime avoir rempli son premier grand objectif, qui était justement de marquer des gros points d’entrée en 2025. Les deux épreuves ibériques étaient spécialement dans son collimateur, car elles étaient les premières dont les points comptaient en vue de la Junior Ryder Cup. Disputée du 23 au 25 septembre en lever de rideau de sa grande sœur, elle mettra aux prises 12 jeunes Européens (six garçons et six filles) et leurs homologues américains. Les trois premiers du classement chez les garçons seront automatiquement qualifiés, la bonne nouvelle étant qu’au sortir des Internationaux d’Espagne, Hugo Le Goff en a pris la tête. « Mon objectif est d’être parmi les trois premiers qualifiés mathématiques », énonce-t-il.
Avec la masse de points récoltée dans la région de Malaga, il va même pouvoir alléger un peu son calendrier des prochains mois, lui qui doit passer une première grosse session du baccalauréat en juin prochain. « Mine de rien, l’entraînement et les tournois prennent beaucoup de temps sur l’école, qui elle se durcit de plus en plus », relève-t-il.
L’autre objectif de sa saison, avec la Junior Ryder Cup, sera de faire partie des trois joueurs sélectionnés en équipe de France pour les Championnats du monde amateurs par équipes de Singapour, du 8 au 11 octobre. Une compétition qu’il connaît déjà, puisqu’il avait fait partie de la belle aventure d’Abou Dhabi en 2023.
Avant cela, il va vivre de belles aventures dès ce printemps. Tout d’abord dès le début de semaine prochaine, lundi et mardi, où il va participer avec cinq autres joueurs de sa génération à un stage à Ilbaritz avec Kenny Le Sager et le responsable de la filière masculine amateur tricolore Grégory Havret, mais surtout en présence de la légende José María Olazábal en personne. « Je l’avais déjà vu au France-Espagne U16 en 2022, se souvient Hugo Le Goff. Il nous avait rendu visite pour prendre des photos avec lui, il nous avait suivis sur le parcours. Quand il te regarde taper, tu n’as pas envie de faire un coup pas terrible devant lui », sourit-il.
La semaine suivante, et pour la deuxième année consécutive, Hugo Le Goff (tout comme Oscar Couilleau, Sara Brentcheneff, Louise Uma Landgraf et Alice Kong) sera au départ du Junior Invitational, sur le parcours de Sage Valley, en Caroline du Sud, à quelques kilomètres d’Augusta. Un tournoi dont les organisateurs ne tentent absolument pas de cacher la ressemblance volontaire au Masters : parcours à la physionomie et à l’entretien similaires, veste (dorée celle-là) remise aux lauréats, et surtout les meilleurs du monde conviés, avec les 36 meilleurs U18 de la planète dans le tableau messieurs. « Évidemment, j’ai hâte d’y retourner, l’endroit est superbe », s’enthousiasme Hugo Le Goff. Lequel fait d’autant mieux de s’acclimater à cette région des États-Unis qu’il est déjà engagé verbalement avec la fac de Virginia, dont il prévoit de rejoindre les rangs à partir d’août 2026. Soit après tant de belles choses qui peuvent se passer d’ici-là.