Céline Boutier et Perrine Delacour seront les deux joueuses françaises du tournoi de golf olympique dames, qui débute ce mercredi. En amont, elles sont passées en conférence de presse. Extraits.
Vous disputez les Jeux olympiques cette semaine à domicile. À quel point cela vous inspire-t-il ? Cela vous donne-t-il davantage de motivation de jouer devant votre public ?
Perrine Delacour : Quelques athlètes m’inspirent, en premier lieu Léon Marchand, qui a gagné quatre médailles d’or. Et puis aussi l’épreuve par équipes mixte de judo, samedi, c’était impressionnant de voir le soutien du public pour les porter vers la médaille. Et puis j’ai regardé Victor (Perez) ici dimanche, c’était vraiment bien ce qu’il a fait, même s’il n’a pas décroché de médaille. Il a vraiment bien géré le public et tout ça.
Céline Boutier : Oui, c’est très motivant d’être ici, de pouvoir partager cette expérience avec tous les athlètes français et le public français. Forcément, c’est quelque chose qu’on ne vit pas le reste de l’année. Donc j’ai hâte de pouvoir vivre cette expérience de jouer le tournoi ici.
Comment se passe votre préparation ? Comment trouvez-vous le parcours ?
P.D. : Il est différent de quand on l’a joué précédemment. Il est vraiment ferme, les roughs sont épais. Il va falloir à coup sûr être patiente.
C.B. : C’est un parcours exigeant, le rough est effectivement très épais. Je pense que c’est un des parcours les plus compliqués qu’on ait à jouer, justement à cause des roughs et des obstacles. Les erreurs peuvent vraiment coûter cher. Ça va être un beau défi, et je pense que les greens vont se raffermir étant donné qu’il n’y a pas de pluie de prévue. Il va donc falloir s’ajuster au fur et à mesure de la semaine.
Premier coup pour Delacour, partie royale pour Boutier
Comme elle s'y attendait dès le début de semaine, Perrine Delacour s'est vue confier l'honneur de taper le premier coup du tournoi olympique, mercredi matin à 9 h. La joueuse picarde jouera en compagnie de l'Irlandaise Stephanie Meadows et de la Belge Manon de Roey.
Pour Céline Boutier, le tournoi débutera à 11 h 55, avec comme partenaires de jeu des poids lourds : l'Américaine Lilia Vu et la Coréenne Amy Yang, respectivement n° 2 et n° 3 mondiales.
Avez-vous assisté à la dernière journée du tournoi messieurs sur le terrain ?
P.D. : J’ai vu Victor sur le départ du 1, puis je l’ai suivi du 15 au 18. C’était impressionnant de voir le public, et aussi de voir comment lui a géré les émotions. Le public l’a porté, de l’extérieur c’était impressionnant, même si de l’intérieur, je l’ai vu le soir, il me disait qu’il était très fatigué, il a laissé beaucoup d’énergie. Mais il est resté dans le processus toute la journée, c’était très inspirant. Parallèlement, je me suis aussi entraînée, parce qu’on a quand même quatre tours de golf à jouer, avec peu de temps de préparation. Donc j’ai un peu mixé les deux, parce que je voulais aussi savoir comment ça allait se passer mercredi (jour du premier tour du tournoi dames, NDLR) au moment du départ, ça sera une expérience unique dans notre vie. Je pense que c’est une bonne chose qu’on ait vu les garçons sur le départ du 1, ça va nous aider à bien gérer les émotions. J’ai passé un peu de temps avec Matthieu (Pavon) après son tournoi, je lui ai posé quelques questions sur comment il s’était senti sur le départ du 1, pour qu’il me donne quelques conseils pour mercredi. Il a eu un peu de mal sur le départ lors de son premier tour, et qu’il y avait eu tellement d’émotion à ce moment-là que ça lui avait un peu pesé vers la fin de la semaine. Ça m’a aidée à me dire qu’il fallait que je prenne du repos en début de semaine, pour avoir assez d’énergie pour porter ça pendant quatre tours.
C.B. : Oui moi aussi j’ai vu Victor sur le départ du 1 dimanche, et après je suis allée m’entraîner pour être bien prête. Mais j’ai quand même entendu la foule à plusieurs reprises depuis le practice, je savais bien que quelque chose se passait. C’était vraiment cool de voir ce que Victor a fait, le public en feu… j’espère qu’on aura ça nous aussi. Et comme Perrine le disait, c’était bien de le voir à l’avance, pour pouvoir nous préparer psychologiquement.
Perrine, depuis Tokyo, il vous a fallu rebondir de différentes choses en dehors du parcours. À quel point êtes-vous fière d’être ici, présente, pour les Jeux olympiques de Paris ?
P.D. : Oui, il y a environ deux ans, j’ai dû faire une grosse pause, car mentalement, j’étais épuisée. Dans ma tête, je ne pensais pas à Paris 2024. Même ma psychologue, après ma bonne saison sur le LPGA Tour, je lui ai dit qu’en 2024, je voulais faire les Jeux olympiques. Elle m’a dit quelque chose du genre : « Vraiment ? Je savais pas. » C’est pour ça que je suis fière, et je vais profiter de chaque moment. Et si ça se termine dans le top 3 à la fin de la semaine, je serai très heureuse. Si ce n’est pas le cas, ça sera quand même un bon moment. Jouer devant sa famille aux Jeux olympiques, c’est déjà pas mal.
Céline, vous avez gagné The Amundi Evian Championship l’année dernière devant le public français. Pour ce qui est de la gestion du public, est-ce que cette victoire va être votre référence cette semaine ?
C.B. : Oui, c’était une semaine où j’ai bien su gérer tout ça, c’est forcément un souvenir qui va me donner plus de confiance, en particulier dans les moments où j’aurai un peu plus de doutes, je vais pouvoir m’appuyer dessus.
Quelle différence y aurait-il entre gagner un Majeur à domicile et gagner une médaille olympique à domicile ?
C.B. : Je ne sais pas trop… j’espère pouvoir vous le dire à la fin du tournoi (rires). Je pense que c’est quand même différent. Le public, à Evian, supporte évidemment beaucoup les joueuses françaises, mais je pense qu’ici, de ce que j’ai vu chez les garçons, l’ambiance est beaucoup plus patriote et passionnée. C’est un peu plus poussé. Ça se rapprocherait forcément de ma victoire à Evian, mais je ne sais pas vraiment à quel point ça pourrait être différent.
Vous avez déjà porté toutes les deux le maillot de l’équipe de France quand vous étiez plus jeunes. Est-ce que l’état d’esprit est différent quand on porte ce maillot ?
C.B. : Oui je trouve ça un eu différent cette semaine. Voir tous ces athlètes français rapporter des médailles, ça donne envie de rajouter un petit numéro au compte français. Ça serait génial.
Quand vous voyez Teddy Riner ou Léon Marchand sur le podium, avec la Marseillaise qui retentit, qu’est-ce que vous ressentez ?
P.D. : Léon, on l’a vu en vrai avec Céline. On est allées voir sa première médaille d’or. Quand on entend la Marseillaise, avec tous les gens qui la chantent, ça donne de grosses émotions, et ça met un baume au cœur très important.
Vous allez toucher aussi un public qui n’est pas un public de golfeurs. Vous allez peut-être leur donner envie de s’intéresser à votre sport. Est-ce que vous y pensez ?
P.D. : Je suis beaucoup sur l’humain, donc oui, j’y pense. C’est aussi la joie des Jeux olympiques. En tant qu’athlètes, on regarde d’autres sports, on s’intéresse à d’autres disciplines. C’est inspirant, ce sont aussi des valeurs olympiques qu’on essaie de transmettre.
C.B. : On sait tous qu’il va y avoir une audience plus large que ce qu’on a d’habitude, et je pense que c’est positif. Mais dans le même temps, je me concentre quand même plus sur mon tournoi.
Vous êtes à Paris depuis le début des Jeux olympiques, vous avez participé à la cérémonie d’ouverture il y a dix jours, vous avez vu d’autres épreuves... Est-ce que ça a été parfois difficile de modérer votre enthousiasme pour les autres athlètes français, afin de préserver l’énergie dont vous allez avoir besoin pendant ces quatre tours ?
P.D. : On a été au Village olympique pendant trois ou quatre jours avec Céline, au début des Jeux. C’était une super expérience, mais aussi très fatigante, parce que les journées passent à toute vitesse. Un soir, on se couchait, et Céline me dit : « Ah, mais il est déjà 23 h 30 ! ». Il y a tellement de choses à voir et à faire, on a envie de profiter… C’est pour ça que j’ai aussi pris le temps de m’isoler, de me reconcentrer sur moi-même, car nous avons aussi une épreuve où nous voulons donner le meilleur de nous-mêmes.
C.B. : C’est vrai qu’il y avait beaucoup de choses à voir, à faire, beaucoup de monde à qui parler, athlètes français ou pas. Par exemple, moi, j’ai traqué Simone Biles pendant trois jours.
P.D. : C’est vrai, et d’ailleurs, elle a réussi à la voir.
C.B. : En tout cas, voir les premières médailles et l’enthousiasme autour des Jeux, c’était nécessaire, mais c’était bien, aussi, d’avoir notre site un peu à part, pour pouvoir vraiment nous focaliser, et commencer notre préparation pour le tournoi.