Anne-Marie Palli et Patricia Meunier-Lebouc, les deux doubles lauréates françaises sur le LPGA Tour, ont suivi de près le troisième succès de Céline Boutier, dimanche dernier. Et toutes les deux ont été impressionnées par la maîtrise dont a fait preuve la n°1 tricolore.
Ne comptez sur aucune des deux pour se plaindre de la perte de son record. Jusqu’à dimanche dernier, Anne-Marie Palli et Patricia Meunier-Lebouc étaient codétentrices, avec Céline Boutier, du plus grand nombre de victoires françaises sur le LPGA Tour. Puis la Parisienne les a dépassées, en remportant le LPGA Drive On Championship, son troisième succès en carrière. Pour la plus grande satisfaction des deux anciennes pensionnaires du circuit nord-américain, et sans susciter chez elles (chez qui, d’ailleurs ?) la moindre surprise.
« Les records sont faits pour être battus, campe avec le sourire Patricia Meunier-Lebouc. Céline est juste incroyable. J’ai regardé en direct la fin de son parcours et le play-off. Ça fait plaisir de voir à quel point elle maîtrise son golf. » Celle qui est désormais n° 8 mondiale, meilleur classement pour une joueuse tricolore depuis que le Rolex Women’s World Golf Rankings existe, a en effet été dans l’obligation de faire birdie sur le 72e trou du tournoi pour arracher un play-off, avant de réitérer la performance, sur le même trou quelques minutes plus tard, pour gagner le droit de soulever le trophée.
Anne-Marie Palli, double lauréate sur le LPGA Tour.
Tout cela, Anne-Marie Palli, installée depuis de très nombreuses années en Arizona, a pu en être témoin sur le bord du terrain. Et elle rejoint Patricia Meunier-Lebouc pour relever la maîtrise de Boutier. « Pour moi, c’est une des meilleures joueuses de fers que j’aie jamais vu, s’enthousiasme-t-elle. Sa précision est fabuleuse, elle donne l’impression de jouer aux fléchettes. Elle se met en position de birdie, et quand elle rentre des putts, comme elle a dû le faire sous pression, elle fait partie des meilleures. Elle est tellement dans sa bulle, elle a une grande faculté de concentration. »
« Son petit jeu et putting sont sans aucun doute son point fort, à mon avis, abonde Patricia Meunier-Lebouc. Disons que quand elle rentre dans la régularité de son jeu, sa confiance paraît être décuplée. Dimanche dernier, l’enchaînement dans ses routines était incroyable. Il faut un très haut niveau de maîtrise de ses capacités, techniques et mentales, pour arriver à s’engager comme ça à 100 % sur chaque coup. »
Installées toutes les deux outre-Atlantique, les doubles lauréates françaises sur le LPGA Tour sont également très bien placées pour mesurer la bonne adaptation de Céline Boutier aux modes de vie et de pensée américains. Sur ce plan, la n° 1 française a un bon nombre d’années d’expériences derrière elle, puisqu’après avoir étudié à la fac de Duke, en Caroline du Nord, elle s’est installée du côté de Dallas. « Toutes les joueuses n’aiment pas forcément jouer aux États-Unis, mais le plus gros circuit du golf professionnel, c’est quand même ici, constate Anne-Marie Palli. Je connais bien la mentalité américaine, il y a des différences avec la nôtre. Il y a des points positifs des deux côtés bien sûr, mais ici, la mentalité c’est que tout est possible. En France, on trouve ça un peu naïf, ce n’est pas une mentalité qui nous est inculquée dès la naissance. Sur le plan mental, ils sont beaucoup plus positifs. »
Autre qualité mise en avant par les deux joueuses seniors : le sérieux de Céline Boutier. « Ce sont des années de travail ajoutées à un talent indéniable depuis ses premières années à haut niveau amateur, relève Patricia Meunier-Lebouc. Céline est quelqu’un qui a toujours mis la priorité sur son golf et qui a travaillé sans relâche. Donc bravo à elle pour tout le travail et tous les sacrifices que cela représente. »
Travail donc, mais aussi connaissance de soi, comme le souligne Anne-Marie Palli : « Lors de sa première année sur le LPGA Tour, je l’avais croisée à Atlantic City, et je lui avais demandé ce qu’elle avait appris sur elle-même lors de sa première année sur le Tour. Elle m’avait dit qu’elle avait appris à ne pas se comparer aux autres. Et je lui ai dit bravo, parce que ça, ça prend du temps. Elle sait ce qui marche et ne marche pas pour elle, elle suit son chemin, et elle obtient de très bons résultats. Ce qui est important, c’est de jouer dans son style. »
Celle qui a remporté le Samaritan Turquoise Classic, en Arizona en 1983, puis le ShopRite LPGA Classic, en 1992, ne peut s’empêcher de relever, comme un clin d’œil du destin le fait que Céline Boutier, lors de ses deux derniers succès, s’est imposée justement aux mêmes endroits qu’elle. Alors pourquoi pas, désormais, imiter Patricia Meunier-Lebouc, qui avait notamment remporté, en 2003, un Majeur lors du Kraft Nabisco Championship ? Une chose est sûre : toutes les deux n’en seraient, une nouvelle fois, pas surprises. « On est quand même bien représentés, note Anne-Marie Palli. Elle a déjà élevé les standards du golf féminin français, et j’espère qu’elle va l’élever encore plus. Je pense que maintenant, les Français sont convaincus que c’est notre locomotive. Et puis, on ne va pas lui mettre la pression, bien entendu… mais ça ne serait pas super qu’elle gagne Évian ? » Si.