À peine sortie de l’une des plus belles échéances amateurs au mois de mai, le trophée Golfers’ Club, Marine Griffaut est déjà tournée cette semaine vers le Letas et le Montauban Ladies Open, avec un nouveau statut de professionnelle.

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Marine Griffaut joue cette semaine le Montauban Ladies Open en tant que nouvelle professionnelle. © Tomas Stevens / ffgolf

Il aura suffi de deux mails succincts à la fin du mois de mai : un premier envoyé au Ladies European Tour Access (Letas), circuit de deuxième division européenne, et un second destiné à la Fédération française de golf. Par l’intermédiaire de deux échanges numériques, voilà Marine Griffaut devenue officiellement joueuse professionnelle. « Cest assez perturbant parce que ce sont deux petites actions qui changent tout : mon statut, mon calendrier, mes dépenses et mon fonctionnement au global », réalise-t-elle du haut de ses 23 ans. Pourtant, ses clubs ont à peine eu le temps de refroidir d’une dernière virée amateur au trophée GolfersClub, le championnat de France par équipes, qu’elle a disputé mi-mai à Chantilly avec ses équipières de Cannes-Mougins. Un événement dont l’étudiante de la Texas State University est ressortie déçue puisqu’en bonne héroïne de scénario américain, elle imaginait tirer sa révérence sur un dernier titre.

À la place, le réveil du lendemain a donné lieu à une période de repos. « Ça a été hyper intense parce quen réalité, cest la première fois quon allait en demi-finales depuis que je suis dans l’équipe. J’étais fatiguée physiquement mais aussi mentalement », raconte-t-elle. Et puis ses journées en dilettante ont vite été animées par ses nouvelles obligations, celles qu’elle peut désormais ranger dans la case professionnelle. Rendez-vous administratifs, appels téléphoniques, recherches de sponsors et mécènes ont remplacé pour quelques jours la répétition des gammes au practice. « Ce nest pas du tout drôle », lâche-t-elle dans un rire désabusé.

Avec ce tout récent choix, la néo-proette écourte une saison amateur dans laquelle se profilait au cœur du mois de juillet un championnat d’Europe par équipes Dames qu’elle aurait pu disputer sous le polo tricolore. L’année précédente déjà, cette échéance ne faisait plus partie de ses dates phares du calendrier ; la sélectionneur des Dames, Gwladys Nocera, lui avait annoncé dans les mois précédents qu’elle ne ferait pas partie du groupe préparatoire réunissant toute l’année les joueuses sélectionnables. Alors pour 2024, Marine Griffaut a coupé court au débat. « Gwladys m’avait tout de même dit que c’était possible si je me donnais les moyens, mais j’ai préféré me concentrer sur le passage pro et faire passer ma personne en premier. C’est peut-être un peu égoïste, mais c’est ce qui me semblait être le mieux pour travailler correctement toute l’année. »

Professionnelle oui, mais encore étudiante

Ce premier choix pris en fin de saison passée distille quelques fragrances du caractère de la joueuse. Comme elle le dit, elle aime « avoir le contrôle des choses ». Et quand deux choix se présentent, il faut trancher. Vite. C’est sur ce même principe qu’elle a décidé de prolonger son visa étudiant aux États-Unis jusqu’à janvier prochain. Car oui, la Bobcat de la Texas State University en est toujours une jusqu'à fin décembre. Plus en tant qu’athlète, mais bien en tant qu’étudiante en journalisme, doublé d’une option business. « C’est dommage parce que ces cours-là m’auraient bien servi, là ! » ironise-t-elle.

© Tomas Stevens / ffgolf

Au-delà d’une facilité logistique évidente, le fait de retourner aux États-Unis en juillet permet à l’ex-1063e joueuse mondiale amateur de profiter d’infrastructures de qualité dans un but bien précis : les cartes du LPGA Tour (la première étape est prévue le 13 août). « C’est surtout dans cette perspective que je veux vite en finir avec la création de mon statut professionnel, car l’inscription pour la pré-qualification ouvre le 5 juin et coûte 2500 dollars. C’est là que les sponsors sont primordiaux », explique-t-elle. Ce faisant, elle réduit drastiquement le nombre de tournois auxquels elle pourrait participer sur le Letas, mais tel est son choix et « il faut respecter le process », martèle-t-elle.

Dès cette semaine d’ailleurs, la Cannoise inaugure son nouveau statut dans les contrées du Tarn-et-Garonne à l’occasion du Montauban Ladies Open. Un tournoi qu’elle connaît bien pour l’avoir remporté en 2021 et pour être passée près du doublé l’an dernier. « Je sais que si je fais top 10, je serai invité au tournoi suivant. Je me suis fixé de jouer au moins deux dates en juin avant de repartir au Texas. Si j’y arrive, tant mieux, sinon ce sera déjà très bien. » Déterminée et indéboulonnable, Marine Griffaut a déjà écrit le scénario de ses prochains mois. En bonne héroïne de film américain, elle compte bien le respecter et si jamais élément perturbateur il y a, elle sait d’ores et déjà que les cartes européennes lui offriront une alternative pour un happy ending.