Le tournoi messieurs des Jeux olympiques de Paris 2024 démarre ce jeudi, au Golf National. Un tournoi pour lequel aucun grand nom parmi les qualifiés ne manque à l’appel.
Drapeaux, calendriers, décalages horaires et virus de tous poils… aucune raison brandie, en 2016 et en 2021, n’a tenu pour Paris 2024. Depuis le retour du golf au programme olympique en effet, il y a huit ans à Rio, les dernières semaines de l’olympiade étaient malheureusement rythmées par les annonces de stars mondiales du jeu renonçant, la main sur le cœur, à venir se battre pour les médailles.
Cette année, au Golf National, au contraire, tout le monde est là. Tous ceux qui le peuvent, en tout cas. Car des joueurs du top 15 mondial manquent effectivement à l’appel, comme Bryson DeChambeau, Sahith Theegala, Russel Henley ou Brian Harman. Mais ces quatre Américains ont seulement pâti du fait que quatre joueurs de l’Oncle Sam maximum pouvaient se qualifier, et que les places avaient déjà été prises par Scottie Scheffler, Xander Schauffele, Wyndham Clark et Collin Morikawa. Pour le reste, Ludvig Åberg, Rory McIlroy, Viktor Hovland, Jon Rahm, Hideki Matsuyama, Tommy Fleetwood, Matthew Fitzpatrick, et juste derrière ce dernier l'actuel n° 23 mondial Matthieu Pavon… parmi les meilleurs mondiaux, tous ceux qui peuvent jouer vont le faire. Ça a bien changé…
En 2016 par exemple, lors des Jeux de Rio, Dustin Johnson, tout juste sacré à l’U.S. Open pour son premier succès en Majeur, avait évoqué sa crainte du virus zika pour ne pas se rendre au Brésil. Le même Johnson, sentant peut-être que l’excuse du virus finirait par se voir, avait ensuite évoqué un voyage trop long dans un calendrier chargé, pour ne pas se rendre à Tokyo en 2021, privant le tournoi olympique de la présence du n° 1 mondial de l’époque.
Mais Johnson n’était pas le seul à faire impasse. En 2016, Rory McIlroy avait lui aussi pris une dispense zika, avant de concéder, une fois l’épreuve passée, que son absence était en réalité due au fait qu’un conflit intérieur l’animait quant à savoir si lui, le Nord-Irlandais, devait choisir de concourir pour la Grande-Bretagne ou pour l’Irlande. Le virus star de l’époque (amplement détrôné depuis) avait également gardé Jason Day loin du Brésil.
Dans le cas de Day comme de McIlroy, dès l’olympiade suivante, la question était réglée. Rory avait opté pour le maillot vert frappé du trèfle et joué à Tokyo, tandis que Day s’était vite ressenti du manque du frisson olympique. Son absence sur les fairways japonais était uniquement due à sa non-qualification, lui qui traversait les années creuses de sa carrière.
Ce mardi, en conférence de presse au Golf National, l’Australien a répété ce qu’il avait déjà confié : « En 2016, rétrospectivement, j’ai eu des regrets de ne pas y aller. J’étais à un point où j’étais épuisé, et la dernière chose à laquelle je pensais, c’était d’aller aux Jeux olympiques pour représenter l’Australie. Quand j’y repense, j’aurais dû passer outre, et aller jouer. Je pense que dans ce cas, ça aurait été une expérience incroyable d’y aller et de représenter quelque chose de plus grand que soi. »
Rory McIlroy, de son côté, a de nouveau chaussé la tenue verte, dans laquelle il est apparu, tout sourire, aux côtés de son compère Shane Lowry, ce mardi en partie de reconnaissance. Les joueurs américains, eux, répètent à l’envi qu’ils veulent mettre Team USA sur le haut de la boîte, en fin de semaine. Alors, qu’est-ce qui a bien pu changer, en huit ans ? Une plus grande habitude, parmi les joueurs, de citer l’épreuve olympique comme l’un des principaux objectifs de leur saison, sans doute. Mais une autre clé apparaît, à les entendre s’exprimer dans cet avant-tournoi.
Nombre d’entre eux, en effet, ont profité des premières journées de ces Jeux olympiques pour aller assister à d’autres épreuves. Mardi encore, en conférence de presse, les inséparables McIlroy et Lowry en étaient à s’interroger sur ce qui allait constituer leur programme de l’après-midi, pour tâcher d’aller supporter quelques athlètes irlandais ici et là. D’autres ont séjourné au Village olympique, comme les Français Matthieu Pavon et Victor Perez, ou encore les Suédois Alex Noren et Ludvig Åberg. « Ça apporte cette solidarité, livrait le second, mardi en conférence de presse. On s’est baladés dans le village, et dès qu’on voyait des athlètes aux couleurs de la Suède, on leur disait bonjour. Peu importe quel sport on pratique, on est tous dans le même bateau, et c’est très cool d’en faire partie. »
Cette possibilité de se retrouver fondu dans l’ambiance olympique est en total contraste avec Tokyo, où les restrictions imposées par la pandémie faisaient que les golfeurs ne pouvaient quitter leur chambre d’hôtel que pour aller jouer au golf ou se restaurer. Cette fois, par la proximité du Golf National avec beaucoup de sites olympiques, les golfeurs peuvent enfin prendre leur pleine place dans la famille des olympiens.